23 octobre 2009

Une nouveauté de la Bibliothèque malgache: Sans fil, par Ben Arès

Pour la première fois, la Bibliothèque malgache coédite un livre avec un éditeur étranger. L’Arbre à paroles, installé en Belgique et attaché à publier des poètes, possède un catalogue de plus de 900 titres qui s’enrichit chaque année d’une trentaine de nouveautés.
La collection Poésie Ouverte sur le Monde accueille donc Sans fil, de Ben Arès, illustré par deux photographies de Jean-Marc Cransfeld. Celui-ci a déjà exposé à Madagascar, notamment au Centre culturel Albert Camus et au Kudéta à Antananarivo, ainsi qu’à l’Alliance française de Mahajanga.
Ben Arès est né le 28 mars 1970 en Belgique. Madagascar est, devient une terre d’attaches. Editeur responsable de la revue Matières à poésie devenue, en 2008, Langue vive. Il a publié précédemment huit ouvrages, dont un roman (La Différence, Paris) et des recueils de poèmes. Parmi ceux-ci, Là où abonde le sel (Boumboumtralala, Liège), inspiré par un séjour à Antsirabe.

Extrait

Entre deux
villes invisibles au départ,
entre l’Interdite et la Merina.

Et le retour de saison chaude
Au-Pays-des-tromba, désir d’abord
de passer, trépasser sans fracas.

Sauve-qui-peut pour la voie,
l’inconnue, l’amour la poésie,
la tentation vers le canal.




Entretien avec Ben Arès

Vous voici de retour à Madagascar avec un deuxième ouvrage ancré dans le pays. Après Là où abonde le sel, dont le titre faisait explicitement référence à Antsirabe, c’est maintenant Sans fil. Peut-on dire qu’il s’agit d’un récit de voyage ?
C’est un récit de voyage, oui. Inspiré par un séjour récent, de mars à juin cette année.
Trois mois, et la relation rapide de ce séjour, en une trentaine de pages…
Je parle d’une traversée, d’une itinérance. Les côtes, les hautes terres, puis la descente vers les côtes à nouveau. C’est un poème topographique, où la longueur des textes épouse plus ou moins les variations d’altitude.
Avez-vous écrit ce livre ici, ou à votre retour en Belgique ?
Je l’ai écrit ici, et je l’ai retouché un peu après. Ce sont des poèmes de l’instant, écrits en fonction des lieux où je me trouvais.
Ils sont à la fois très concrets et très rêvés…
Je dirais : très concrets et très secrets. Les premiers poèmes correspondent à l’arrivée à Madagascar, mais à un moment où j’étais encore très influencé par ce qui se passe en Belgique. Puis je suis de plus en plus centré sur Madagascar.
Il y a un an et demi, environ, que vous venez à Madagascar avec l’intention d’y écrire un livre. Là où abonde le sel et Sans fil sont-ils, en quelque sorte, des pièces détachées d’un ouvrage plus important encore à venir ?
Sans fil est un peu différent. Un peu décalé, plus léger, comme, effectivement, un carnet de voyage. Là où abonde le sel, oui. Une sorte d’introduction. Je me suis rendu compte, par rapport aux expériences vécues et qui nourrissent Là où abonde le sel, que j’avais besoin de davantage de temps pour m’imprégner de Madagascar, pour me détacher d’événements liés à mon histoire et à Madagascar.
Est-ce qu’on s’imprègne de Madagascar ou est-ce qu’on est imprégné par Madagascar ?
On subit Madagascar. En tout cas, j’ai envie d’y passer plus de temps, et pas seulement pour l’écriture. Si j’écoute mon cœur, je voudrais y passer la quasi-totalité de mon temps. Mais, chez moi, l’écriture et la vie sont étroitement liées. Il n’y a pas, pour moi, de différenciation entre les deux.
Le projet de roman pour lequel vous étiez venu l’an dernier progresse-t-il souterrainement ?
Pour l’instant, il avance souterrainement. J’en ai écrit une petite centaine de pages, que je laisse dormir depuis plusieurs mois, parce que le projet était lié à l’histoire d’un enfant qui venait de Madagascar, que j’ai eu et que j’ai perdu. Et je voudrais maintenant que le roman soit plus détaché de ce réel-là. Qu’il soit aussi moins à vif, moins lié à ce deuil, mais en revanche plus ancré à Madagascar. Qu’il ait cette légèreté que je trouve ici et pas en Europe.
Sans fil évoque, pour ceux qui connaissent, le quartier de la gare routière de Toliara. Y a-t-il un lien ?
C’est Toliara, effectivement, mais c’est à la fois autre chose. Quand on veut faire le pas d’un pays à un autre, d’un continent à un autre, si on attend de le faire en sécurité, on risque de ne jamais le faire. Sans fil, c’est ça : passer d’un lieu à un autre sans qu’il y ait de lien concret. Simplement une attirance liée au cœur.
Ce livre est le fruit d’une coédition entre la Belgique et Madagascar. Était-il important pour vous qu’il existe aussi ici ?
Oui, c’était important pour moi. Le paradoxe est qu’il y a un petit fil quand même entre la Belgique et Madagascar à travers cette coédition…

Ben Arès, Sans fil, avec 2 photographies de Jean-Marc Cransfeld. L’Arbre à Paroles/Bibliothèque malgache, 38 pages. Prix conseillé à Madagascar, 10.000 ariary (5 € en Europe).

1 commentaire:

  1. Salama Ben Arès
    Tu m'as dis que tu vas faire un livre une fois , et tu l'as fait .Bravo . j'aurais le grand plasir de te lire enfin sur ton voyage qui est difficile car à la fois intérieur et extérieur ..ça va bien ou tu vas encore continuer à écrire en marchant partout dans notre grande île ? "Notre" , car c'est un peu à toi aussi maintenant .
    Là où le sel abonde : c'est le sel de potassium( sira Vazo en Malgache ) et qui provient de cette terre volcanique de notre région...Ben Arès , ton volcan inérieur s'est -il enfin endormi ? j'espère sincèremnt beaucoup d'autres irruptions littéraires ...Pour " l'enfant que tu recherchais " et pour Madagascar aussi qui a besoin de Vazaha bien et sincère comme toi...
    Fraternellement à toi
    Bekoto

    RépondreSupprimer