18 mai 2015

Il y a 100 ans : Cour criminelle de Tamatave : Assassinat de M. Chabas (3)

(Suite.)
Pour le moment, les assassins se sont retirés paisiblement, sans que les voisins ou les passants aient soupçonné quoi que ce soit, et rien remarqué d’insolite. Ce n’est que le lendemain à la pointe du jour que des ouvriers venus pour leur travail ont découvert le cadavre de la victime, donné l’éveil et avisé la justice.
Durant un long mois, l’information s’est traînée sans résultat, lorsque le magistrat instructeur eut l’idée de présenter le fameux crayon vert, laissé par les bandits sur la table de la victime, au Mauricien Thomas, père de l’un des accusés, Thomas Joseph, dit petit frère. Thomas père reconnut ce crayon comme lui appartenant et comme ayant été prêté par lui à son fils Joseph. Ce dernier, en présence de cette déclaration, a fini par entrer dans la voie des aveux, et c’est ainsi qu’ont été connus les auteurs ainsi que les circonstances du crime.
Le Hova, Laurent Marcel, qui paraît être l’instigateur principal de ce crime, était depuis sept ans au service de M. Chabas, dont il avait su capter la confiance, au point que celui-ci le chargeait souvent soit de recouvrements, soit de chargements importants à la poste. Il savait donc où M. Chabas plaçait son argent. Il savait encore que ce dernier devait aller dimanche matin à la campagne qu’il possédait dans la brousse, et qu’il devait emporter une somme importante pour y payer des ouvriers. Tout cela explique la sécurité et la précision avec laquelle les assassins ont procédé. De plus, un gros chien de garde a été enfermé par ces derniers dans un atelier pour se mettre à l’abri de ses crocs. Cette opération n’a pu être effectuée que par quelqu’un particulièrement connu de ce chien. Cela est évident.
À l’ouverture de l’audience, – après que les formalités d’usage ont été remplies, et que lecture a été donnée par le greffier de l’acte d’accusation, – le ministère public prend la parole et requiert qu’il plaise à la cour de prononcer défaut contre le Malgache Francis, dit François, en fuite. Il est fait droit à sa requête.
Après quoi, la cour procède à l’interrogatoire des accusés.
(À suivre.)

Le Tamatave

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