10 avril 2009

Tous les Malgaches sont des voleurs !

Vous ne l'avez jamais entendue, celle-là?
Moi, ça n'arrête pas.
Peut-être mon esprit de contradiction me rend-il plus sensible que la moyenne à cette réflexion, émise bien sûr par des vazaha. Peut-être aussi, et même sans aucun doute, mon opposition viscérale, complètement irréfléchie (mais que je peux argumenter jusqu'à la mauvaise foi quand le besoin s'en fait sentir) à toute généralisation participe-t-elle à la poussée d'adrénaline qui me hérisse le poil (la malveillance du hérisson, c'est tout moi, ça) chaque fois que la construction d'une phrase ressemble à: "Tous les ... sont ..."
Tout à l'heure encore, c'était à peu près cela.
Mais ça tombait bien. J'avais vécu, juste avant, et en moins de quinze minutes, deux expériences qui me permettaient de réfuter tranquillement, sans m'énerver, ce lieu commun reposant davantage sur la bêtise que sur les faits. Et, comme disent les Britanniques, un fait est plus fort qu'un lord-maire.
Ce matin, j'avais quelques courses à faire. Je déteste ça. Rien que l'idée me met de mauvaise humeur. Mais, bon, on n'y échappe pas toujours.
Donc, je vais acheter une serrure dans un magasin de Tsaralalana. Faut-il dire que je ne connais rien aux serrures? J'en avise une qui ressemble vachement (sans être une Vachette) à celle que je dois remplacer chez moi. De penser que je vais avoir à effectuer le remplacement m'épuise. (Mais, depuis, si, si, c'est fait!) J'achète donc. Vous savez comment ça se passe. La vendeuse rédige un bon de commande qu'elle dépose à un bureau d'où sort une facture que je vais payer à la caisse (chez le patron, seul détenteur de la vérité de l'argent) avant d'aller chercher la serrure au service livraison. Ouf!
Cherchez le fait dont je parlais tout à l'heure...
D'accord, vous ne pouvez pas savoir, vous n'étiez pas là. J'avais vu un chiffre qui ressemblait à un prix dans l'étalage, et ce chiffre disait 25.000. OK. Pour moi qui ne connais rien aux serrures (rappel à l'intention de ceux qui suivent distraitement), cela ne me semble pas anormal. Je sors donc, sans vérifier la facture, deux billets de 10.000 ariary et un autre de 5.000 (ce qui fait, dans ma tête sclérosée par l'âge, 125.000 Fmg). Sans sourciller, alors qu'il sortait d'une conversation téléphonique longue et apparemment agitée, le patron me rend mes deux billets de 50.000 Fmg (ou 10.000 ariary, pour ceux qui préfèrent, j'en connais).
Stupéfaction de ma part.
Explication de la sienne: c'est 25.000 francs, la serrure, pas 25.000 ariary.
Tant mieux. Belle honnêteté de sa part. Vous me direz: c'était un Karana. D'accord.
Mais...
1. Tous les Karana sont des voleurs (non? ah! bon!).
2. Celui-ci parlait malgache comme vous et... pas moi, malheureusement. Donc, à mes yeux qui n'ont pas vu (ni eu envie de voir) son passeport, assimilé à un Malgache.
Fin de ma première aventure - comment dit-on le contraire de mésaventure? bonaventure?
Début de la seconde, dix minutes plus tard. En route, je voulais m'acheter un paquet de cigarettes. Enfin, non, je ne voulais pas vraiment, mais un vendeur que j'avais déjà vu et qui connaissait ma marque favorite me l'a proposé d'une manière à la fois si gentille et si insistante que j'ai décidé de me laisser faire.
Va pour un paquet de cigarettes à 5.000 Fmg. (Seuls, désormais, les non fumeurs ne savent pas quelle marque je pratique à l'excès.)
Je sors trois ou quatre billets de ma poche, du 500, du 1.000 et un 25.000 (Fmg, suivez un peu, bon sang, et d'ailleurs, vous en avez déjà vu, vous, des billets de 25.000 ariary?). Je donne le billet de 25. Désolé (ou pas), le vendeur sort sa monnaie, 15.000 seulement. Et trouve la solution: achète deux paquets, je te rends 15.000. D'accord. Je prends les deux paquets, je remets en poche les autres billets que j'en avais extirpés, et je pars. Le vendeur me rattrape et me met dans la main, presque de force, les 15.000 que j'avais oubliés, le geste de remettre quelque chose en poche ayant suffi à me faire croire que j'avais déjà reçu la monnaie.
Alors?
Tous les Malgaches sont des voleurs?

Deuxième leçon: Tous les Malgaches sont paresseux.
Regardez plutôt la photo que j'ai prise tout à l'heure...
Je précise que le taxi-be roulait!


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