26 juin 2015

Il y a 100 ans : La guillotine (1)

Nous aimons à espérer que désormais l’Administration ne nous donnera plus des spectacles aussi navrants que celui de mercredi dernier.
La foule qui assistait à cette triple exécution a été écœurée de voir la façon dont l’exécution a été faite.
Pour achever un des condamnés qui n’avait reçu du peloton que deux blessures insuffisantes pour provoquer la mort, l’une au flanc droit et l’autre à la tête, cette dernière provenant du coup de grâce, il dut, gisant sur le sol, être achevé tel un animal par quatre coups de revolver successifs dont deux à la tête et deux autres au cœur.
Ce fut une véritable boucherie et il s’écoula 12 minutes entre l’exécution et la mort réelle du condamné.
C’est horrible de penser qu’on puisse faire souffrir un être humain que la justice avait condamné à mort mais non à pareil supplice.
Que prévoit la loi ? L’article 12 du code pénal dit : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
Pourquoi n’en est-il pas ainsi à Madagascar et passe-t-on par les armes les gens qui, condamnés par les tribunaux civils, relèvent uniquement de la guillotine ?
Si nous revenons aujourd’hui sur cette question si délicate qui avait déjà fait, il y a quelques années, l’objet d’une demande très judicieuse de notre ancien Gouverneur Général auprès du Ministère des Colonies, c’est d’abord pour éviter aux yeux de la foule des scènes aussi pénibles, aussi barbares que celles qui se sont produites le 6 mai. La guillotine tue sûrement et proprement et son emploi impressionnera plus profondément l’indigène qui se montre incrédule devant l’efficacité des balles.
Lors de la dernière exécution, les indigènes ne se sont pas gênés pour dire à haute voix que leur compatriote comme Haka, l’un des assassins de M. A. Bonnemaison, possédait un puissant fanafody contre les balles, et là-dessus ils racontent une foule d’histoires sur des exécutions capitales qui auraient soi-disant raté vu les talismans dont les condamnés étaient soi-disant pourvus.
Il importe de faire cesser ces superstitions qui prennent de plus en plus racine dans l’esprit par trop crédule de l’indigène, tant pour le bon maintien de notre puissance que pour mettre fin à tous ces errements.
(À suivre.)

La Dépêche malgache

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