Ceux qui me connaissent savent que je sors peu et que, par conséquent, le cercle de mes relations n'est pas très large - ou, plus exactement, que je vois assez rarement les personnes qui continuent à appartenir à ce cercle. Elie Rajaonarison, dont nous avons appris la mort hier, était de ces hommes avec qui j'aimais discuter longuement, sans être du même avis que lui sur tout, d'où l'intérêt de ces conversations. J'aurais aimé, il le savait, qu'il s'engage davantage dans l'écriture, terrain sur lequel, me semble-t-il, il n'a pas donné sa pleine mesure - quelle était cette mesure? nous l'ignorerons toujours. J'ai gardé l'impression (peut-être fausse) qu'il était l'homme d'un seul livre, Ranitra. Mais mon incapacité à lire le malgache m'a probablement tenu éloigné d'autres textes.
Il est vrai qu'il a traduit, avec Ranöe, Prévert en malgache - et ce n'est pas rien. Je me souviens d'ailleurs d'une séance de lectures, à la Tranompokonolona d'Analakely, d'extraits du recueil Anjambolana, reçus avec ferveur par un public très réceptif.
La présence d'Elie dans Sandratra, association de poètes de langue malgache, a dû aider à la naissance de nombreuses vocations. J'ai présenté un jour au CCAC cette association, dont le refuge naturel est le Cercle germano-malgache. Là aussi, c'était impressionnant. La salle était trop petite pour accueillir tous les amateurs de poésie.
Je me souviens aussi du livre qu'il a écrit avec Agnès Joignerez, Voyage en terre malgache. Le cœur de l'Imerina, de toutes les informations qu'il contient et de toutes les balades qu'il propose - dont je m'étais promis de faire l'une ou l'autre, vœu pieux... En revanche, nous nous sommes promenés un peu sur les hauteurs de Tana - ou plutôt de bas en haut. C'était aussi fatigant qu'instructif.
La dernière fois que nous avons eu une de ces conversations que j'aimais, il y a quelques années déjà, il venait d'embrasser un nouveau métier, le journalisme, et son enthousiasme faisait plaisir à voir. En fait, ce ne devait pas être la dernière fois, puisqu'il a encore, un peu plus tard, proposé de me donner une préface à des rééditions de Jean-Joseph Rabearivelo pour la Bibliothèque malgache électronique. Il n'écrira jamais cette préface. Il nous manquera, lui que l'on reconnaissait tout de suite, même de dos, grâce à la touche personnelle de sa coiffure, petite coquetterie qu'il appelait sa "queue de rat".
En 2002, il avait séjourné quelques mois aux Etats-Unis et je m'étais entretenu avec lui par email, pour la Lettre d'information culturelle malgache que je tenais alors. Je vous redonne ce dialogue, qui était aussi paru dans L'Express de Madagascar. Et j'y joins une photo d'Elie Rajaonarison en compagnie de Samoëla (photo de Boné Masikita publiée sur le site tanalife.com).
Elie Rajaonarison, vous séjournez actuellement aux Etats-Unis. Dans quel cadre et dans quel but?
L'University of Iowa organise pour la 35ème année consécutive une rencontre d'écrivains du monde entier intitulée International Writing Program (IWP) dans cette charmante petite ville universitaire qu'est Iowa City. Créé en 1967 par l'écrivain Paul Engle, l'IWP vise a encourager la créativité des écrivains et la traduction de leurs œuvres par un environnement privilégiant la rencontre et l'enrichissement mutuel des cultures. Durant trois mois, des lectures poétiques, des ateliers de traduction, des conférences-débats sur les arts et les lettres, des discussions impromptues sur tel livre ou tel auteur, des rencontres et des visites, un cadre de vie convivial, tout est fait pour que l'écrivain crée et écrive! Cette fois-ci, nous sommes 36 poètes, romanciers, dramaturges et nouvellistes de 30 pays des 5 continents. Madagascar y participe pour la première fois en étant le 118ème pays à y envoyer un représentant. Je suis heureux d'être le premier écrivain poète malagasy a être invité au IWP, et peut-être aussi le premier à être spécialement invité aux Etats-unis en tant que poète. J'ai noté que l'IWP donne la priorité à ceux qui écrivent dans leur langue maternelle. Nous restons à Iowa City du 26 août au 4 novembre, avec des virées à Chicago et à Des Moines. Puis voyage personnel de 10 jours du 4 au 13 novembre. Pour ma part, j'irai à Memphis, la ville natale du blues de B.B King et du rock 'n'roll d'Elvis Presley, sur les rives du Mississipi de Mark Twain… Puis Washington DC pour la dernière semaine, du 14 au 20 novembre. Avec l'aide d'une Irlandaise étudiante en traduction, j'ai commencé la traduction en anglais de certains de mes poèmes, et la traduction en malagasy de certains poèmes en anglais. La traduction de Prévert m'a donné un avant-goût, ce séjour-ci m'a fait mieux apprécier encore et la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte.
Qu'entendez-vous exactement par: "la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte"?
Dans la préface que j'ai écrite pour Anjambolana (Ed. Tsipika, 2001), notre traduction des poèmes de Jacques Prévert, je dis: "Puisse cette première tentative en entraîner d'autres afin d'ouvrir Madagascar à la culture universelle, aussi bien par la traduction des littératures étrangères en langue malgache que par la traduction des créations littéraires malgaches en langue étrangère. C'est là une manière de participer positivement a la mondialisation tout en encourageant les auteurs à écrire dans leur langue nationale." Je crois que mes convictions se trouvent confortées quand je constate en étant ici combien des pays comme nos voisins la Zambie et le Zimbabwe sont mieux connus que nous parce qu'ils écrivent et/ou sont traduits dans la langue prédominante du centre qu'est l'anglais. La plupart des pays présents ici font l'effort de traduire leurs œuvres, de les intégrer aux mainstreams culturels de notre temps. Notre contexte insulaire ne doit pas être perçu comme négatif. Au contraire. Nous avons la chance d'avoir le sens de l'enracinement en même temps que du voyage comme tous les insulaires. Le questionnement identitaire est déjà bien engagé, il doit continuer de nous interpeller. Il est temps maintenant de "voyager". Le temps est venu d'aller voir ailleurs et de nous faire voir ailleurs (sans jeu de mot malvenu), en deux mots: d'exister! Figurer en bonne place sur la carte littéraire mondiale. Nous avons tous les atouts pour réussir ce pari: une littérature en langue nationale bien établie et qui ne cesse de se développer, la maîtrise de la langue française que l'intelligentsia s'est appropriée, le penchant "naturel" des Malgaches à apprendre les langues étrangères et notamment l'anglais, le développement des Ntic dont la jeunesse urbaine branchée est friande mais qui va s'étendre à toutes les couches sociales et dans toutes les régions. Autant d'atouts, autant d'essais qu'il s'agit maintenant de transformer par la traduction de nos œuvres en langues étrangères car le Monde nous attend et il a besoin de nous pour exister, lui aussi.
Quels sont les poèmes que vous traduisez en malgache? Un ou des auteurs de prédilection depuis longtemps, ou des découvertes récentes?
Bien sûr, il est dans mes projets de traduire des poètes américains que j'apprécie comme Robert Frost, E.E Cummings ou d'autres encore. Mais en arrivant ici, j'ai découvert d'autres talents comme celui de Christopher Merrill, le poète universitaire en charge de l'IWP, qui est un homme d'une grande sensibilité. J'ai fini de traduire un de ses poèmes qui commence comme ceci : "Satria natopan'ny Ranomasina Maty imorona izay nateliny / mitsiro sira sy fanody ary lay... " Poème tout en ellipse et musical comme je les aime. Je suis en train d'étudier un poème de Sunny Ayewanu, beaucoup plus prosaïque mais proche des poèmes dits "engagés" de chez nous. Sunny est un jeune poète du Nigeria. Certains poèmes du poète irlandais Seamus Heaney aussi m'inspirent, nous verrons bien. Chaque fois que j'entre dans une bibliothèque ou une librairie, j'en découvre de nouveaux…
Côté "tourisme", si j'ose dire, vos choix en rapport avec Elvis Presley et Mark Twain sont-ils liés à votre histoire personnelle?
Pourquoi Memphis, alors qu'il y a de nombreux endroits beaucoup plus attirants? Peut-être, mais moi j'aime les lieux riches de leur histoire et j'aime aussi le blues, le country et le rock 'n'roll. Il se trouve que le Tennessee est, avec Nashville et Memphis, la terre natale de ces genres musicaux. Ma jeunesse s'est abreuvée à l'écoute de ces musiques. Je pense que mes écrits sont aussi imprégnés de leurs mots et de leurs senteurs. Il est donc normal que, durant un séjour américain consacré à la littérature, je sacrifie à une visite au berceau de l'une de mes sources d'inspiration: le blues, le country et le rock. J'irai donc à Memphis et je passerai à Nashville. De même, originaire du Lac Alaotra, les fleuves et les rivières m'ont toujours enchanté. Le poème n'est-il pas comparable à un fleuve de mots, de musique et d'images où souffle l'esprit? J'irai donc à Memphis pour vivre le Mississipi, un des plus grands fleuves du monde, où Tom Sawyer et Huckleberry Finn ont vécu leurs belles aventures.
Avez-vous le sentiment qu'à votre retour à Madagascar, quelque chose aura été modifié dans votre perception du monde et/ou de la littérature?
Il est difficile de sortir indemne d'une aventure, quelle que soit son envergure. Une entreprise, une démarche culturelle est et doit être vécue comme une "aventure" au sens d'aller à la rencontre de l'inconnu. Non pas un voyage vers l'inconnu mais un "vrai voyage": aller à la découverte de ce qu'on n'a pas encore vécu ni connu, oser se mettre en danger et se remettre en question pour mieux approcher et vivre sa Vérité. Comme j'aime à le dire souvent: "Se perdre, mais vraiment se perdre pour mieux se retrouver." Ma venue aux Etats-unis s'inscrit dans une démarche culturelle mûrement réfléchie et passionnément vécue. Comme à chaque fois dans de telles circonstances, j'assume que quelque chose aura évolué dans ma perception du monde, de la littérature ainsi que dans ma poésie. Mais à dire vrai, je n'y pense même pas car c'est devenu pour moi un mode de vie: chaque pas, chaque regard, chaque rencontre, chaque lecture, chaque désir n'est-il pas un voyage, le début ou la suite d'une aventure… culturelle?
Il est vrai qu'il a traduit, avec Ranöe, Prévert en malgache - et ce n'est pas rien. Je me souviens d'ailleurs d'une séance de lectures, à la Tranompokonolona d'Analakely, d'extraits du recueil Anjambolana, reçus avec ferveur par un public très réceptif.
La présence d'Elie dans Sandratra, association de poètes de langue malgache, a dû aider à la naissance de nombreuses vocations. J'ai présenté un jour au CCAC cette association, dont le refuge naturel est le Cercle germano-malgache. Là aussi, c'était impressionnant. La salle était trop petite pour accueillir tous les amateurs de poésie.
Je me souviens aussi du livre qu'il a écrit avec Agnès Joignerez, Voyage en terre malgache. Le cœur de l'Imerina, de toutes les informations qu'il contient et de toutes les balades qu'il propose - dont je m'étais promis de faire l'une ou l'autre, vœu pieux... En revanche, nous nous sommes promenés un peu sur les hauteurs de Tana - ou plutôt de bas en haut. C'était aussi fatigant qu'instructif.
La dernière fois que nous avons eu une de ces conversations que j'aimais, il y a quelques années déjà, il venait d'embrasser un nouveau métier, le journalisme, et son enthousiasme faisait plaisir à voir. En fait, ce ne devait pas être la dernière fois, puisqu'il a encore, un peu plus tard, proposé de me donner une préface à des rééditions de Jean-Joseph Rabearivelo pour la Bibliothèque malgache électronique. Il n'écrira jamais cette préface. Il nous manquera, lui que l'on reconnaissait tout de suite, même de dos, grâce à la touche personnelle de sa coiffure, petite coquetterie qu'il appelait sa "queue de rat".
En 2002, il avait séjourné quelques mois aux Etats-Unis et je m'étais entretenu avec lui par email, pour la Lettre d'information culturelle malgache que je tenais alors. Je vous redonne ce dialogue, qui était aussi paru dans L'Express de Madagascar. Et j'y joins une photo d'Elie Rajaonarison en compagnie de Samoëla (photo de Boné Masikita publiée sur le site tanalife.com).
Elie Rajaonarison, vous séjournez actuellement aux Etats-Unis. Dans quel cadre et dans quel but?
L'University of Iowa organise pour la 35ème année consécutive une rencontre d'écrivains du monde entier intitulée International Writing Program (IWP) dans cette charmante petite ville universitaire qu'est Iowa City. Créé en 1967 par l'écrivain Paul Engle, l'IWP vise a encourager la créativité des écrivains et la traduction de leurs œuvres par un environnement privilégiant la rencontre et l'enrichissement mutuel des cultures. Durant trois mois, des lectures poétiques, des ateliers de traduction, des conférences-débats sur les arts et les lettres, des discussions impromptues sur tel livre ou tel auteur, des rencontres et des visites, un cadre de vie convivial, tout est fait pour que l'écrivain crée et écrive! Cette fois-ci, nous sommes 36 poètes, romanciers, dramaturges et nouvellistes de 30 pays des 5 continents. Madagascar y participe pour la première fois en étant le 118ème pays à y envoyer un représentant. Je suis heureux d'être le premier écrivain poète malagasy a être invité au IWP, et peut-être aussi le premier à être spécialement invité aux Etats-unis en tant que poète. J'ai noté que l'IWP donne la priorité à ceux qui écrivent dans leur langue maternelle. Nous restons à Iowa City du 26 août au 4 novembre, avec des virées à Chicago et à Des Moines. Puis voyage personnel de 10 jours du 4 au 13 novembre. Pour ma part, j'irai à Memphis, la ville natale du blues de B.B King et du rock 'n'roll d'Elvis Presley, sur les rives du Mississipi de Mark Twain… Puis Washington DC pour la dernière semaine, du 14 au 20 novembre. Avec l'aide d'une Irlandaise étudiante en traduction, j'ai commencé la traduction en anglais de certains de mes poèmes, et la traduction en malagasy de certains poèmes en anglais. La traduction de Prévert m'a donné un avant-goût, ce séjour-ci m'a fait mieux apprécier encore et la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte.
Qu'entendez-vous exactement par: "la traduction et sa nécessité, surtout dans notre contexte"?
Dans la préface que j'ai écrite pour Anjambolana (Ed. Tsipika, 2001), notre traduction des poèmes de Jacques Prévert, je dis: "Puisse cette première tentative en entraîner d'autres afin d'ouvrir Madagascar à la culture universelle, aussi bien par la traduction des littératures étrangères en langue malgache que par la traduction des créations littéraires malgaches en langue étrangère. C'est là une manière de participer positivement a la mondialisation tout en encourageant les auteurs à écrire dans leur langue nationale." Je crois que mes convictions se trouvent confortées quand je constate en étant ici combien des pays comme nos voisins la Zambie et le Zimbabwe sont mieux connus que nous parce qu'ils écrivent et/ou sont traduits dans la langue prédominante du centre qu'est l'anglais. La plupart des pays présents ici font l'effort de traduire leurs œuvres, de les intégrer aux mainstreams culturels de notre temps. Notre contexte insulaire ne doit pas être perçu comme négatif. Au contraire. Nous avons la chance d'avoir le sens de l'enracinement en même temps que du voyage comme tous les insulaires. Le questionnement identitaire est déjà bien engagé, il doit continuer de nous interpeller. Il est temps maintenant de "voyager". Le temps est venu d'aller voir ailleurs et de nous faire voir ailleurs (sans jeu de mot malvenu), en deux mots: d'exister! Figurer en bonne place sur la carte littéraire mondiale. Nous avons tous les atouts pour réussir ce pari: une littérature en langue nationale bien établie et qui ne cesse de se développer, la maîtrise de la langue française que l'intelligentsia s'est appropriée, le penchant "naturel" des Malgaches à apprendre les langues étrangères et notamment l'anglais, le développement des Ntic dont la jeunesse urbaine branchée est friande mais qui va s'étendre à toutes les couches sociales et dans toutes les régions. Autant d'atouts, autant d'essais qu'il s'agit maintenant de transformer par la traduction de nos œuvres en langues étrangères car le Monde nous attend et il a besoin de nous pour exister, lui aussi.
Quels sont les poèmes que vous traduisez en malgache? Un ou des auteurs de prédilection depuis longtemps, ou des découvertes récentes?
Bien sûr, il est dans mes projets de traduire des poètes américains que j'apprécie comme Robert Frost, E.E Cummings ou d'autres encore. Mais en arrivant ici, j'ai découvert d'autres talents comme celui de Christopher Merrill, le poète universitaire en charge de l'IWP, qui est un homme d'une grande sensibilité. J'ai fini de traduire un de ses poèmes qui commence comme ceci : "Satria natopan'ny Ranomasina Maty imorona izay nateliny / mitsiro sira sy fanody ary lay... " Poème tout en ellipse et musical comme je les aime. Je suis en train d'étudier un poème de Sunny Ayewanu, beaucoup plus prosaïque mais proche des poèmes dits "engagés" de chez nous. Sunny est un jeune poète du Nigeria. Certains poèmes du poète irlandais Seamus Heaney aussi m'inspirent, nous verrons bien. Chaque fois que j'entre dans une bibliothèque ou une librairie, j'en découvre de nouveaux…
Côté "tourisme", si j'ose dire, vos choix en rapport avec Elvis Presley et Mark Twain sont-ils liés à votre histoire personnelle?
Pourquoi Memphis, alors qu'il y a de nombreux endroits beaucoup plus attirants? Peut-être, mais moi j'aime les lieux riches de leur histoire et j'aime aussi le blues, le country et le rock 'n'roll. Il se trouve que le Tennessee est, avec Nashville et Memphis, la terre natale de ces genres musicaux. Ma jeunesse s'est abreuvée à l'écoute de ces musiques. Je pense que mes écrits sont aussi imprégnés de leurs mots et de leurs senteurs. Il est donc normal que, durant un séjour américain consacré à la littérature, je sacrifie à une visite au berceau de l'une de mes sources d'inspiration: le blues, le country et le rock. J'irai donc à Memphis et je passerai à Nashville. De même, originaire du Lac Alaotra, les fleuves et les rivières m'ont toujours enchanté. Le poème n'est-il pas comparable à un fleuve de mots, de musique et d'images où souffle l'esprit? J'irai donc à Memphis pour vivre le Mississipi, un des plus grands fleuves du monde, où Tom Sawyer et Huckleberry Finn ont vécu leurs belles aventures.
Avez-vous le sentiment qu'à votre retour à Madagascar, quelque chose aura été modifié dans votre perception du monde et/ou de la littérature?
Il est difficile de sortir indemne d'une aventure, quelle que soit son envergure. Une entreprise, une démarche culturelle est et doit être vécue comme une "aventure" au sens d'aller à la rencontre de l'inconnu. Non pas un voyage vers l'inconnu mais un "vrai voyage": aller à la découverte de ce qu'on n'a pas encore vécu ni connu, oser se mettre en danger et se remettre en question pour mieux approcher et vivre sa Vérité. Comme j'aime à le dire souvent: "Se perdre, mais vraiment se perdre pour mieux se retrouver." Ma venue aux Etats-unis s'inscrit dans une démarche culturelle mûrement réfléchie et passionnément vécue. Comme à chaque fois dans de telles circonstances, j'assume que quelque chose aura évolué dans ma perception du monde, de la littérature ainsi que dans ma poésie. Mais à dire vrai, je n'y pense même pas car c'est devenu pour moi un mode de vie: chaque pas, chaque regard, chaque rencontre, chaque lecture, chaque désir n'est-il pas un voyage, le début ou la suite d'une aventure… culturelle?
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