J'avais lu, en différents endroits, que Paris Match venait de consacrer un reportage à l'exploitation du bois de rose malgache. J'étais, évidemment, curieux de voir ça. Sans être le National Geographic, l'hebdomadaire français cultive le goût de l'image. Les six pages d'illustrations réalisées par Pascal Maître sont à la hauteur de l'attente.
Malheureusement, elles sont suivies d'un article de deux pages signé par Pierre Delannoy où, à côté du choc des photos, le poids des mots semble avoir été apprécié avec une certaine légèreté, voire une légèreté certaine. Il n'y a plus de correcteurs à la rédaction de Paris Match?
Comment expliquer qu'on laisse paraître un texte dans lequel la "densité extraordinaire" du bois de rose est estimée "jusqu'à 1,4 kilo par mètre cube"? Je suppose que le journaliste voulait dire 1,4 tonne par mètre cube. Ce qui n'est, bien sûr, pas tout à fait la même chose.
Un peu plus loin, il fait, avec patience mais sans rigueur, la répartition des sommes générées par la vente en Chine d'un meuble fabriqué en bois de rose. Coût à l'achat: 20.000 euros, sur lesquels 19.200 reviennent à la chaîne chinoise (importation, transformation, distribution). Restent, le calcul n'est pas trop compliqué, 800 euros pour la partie malgache. Dont - accrochez-vous - "666 constituent le bénéfice de l'exportateur, 131 vont dans les caisses de l'État, 55 aux coupeurs et aux équipes qui ont sorti le bois de la forêt, 6 aux camionneurs, 2 aux dockers du port."
Ce qui fait, là ça se complique, 666 + 131 + 55 + 6 + 2 = (calculette à la main) 860 euros et non 800.
Ce n'est pas très grave, en soi. Sinon que, outre l'inquiétude légitime suscitée chez les lecteurs fidèles de Paris Match (comment, non seulement ils n'ont pas de correcteurs, mais ils n'ont même pas de calculette?), des erreurs aussi grossières font naître une sorte d'incrédulité par rapport à tout ce qui est dit dans ces pages.
Le sujet ne méritait vraiment pas un traitement aussi approximatif...
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