28 août 2013

Il y a 100 ans : Derniers gestes

M. Picquié fait annoncer par son fidèle Courrier Colonial qu’ayant heureusement tourné le cap des tempêtes lors de la dernière discussion du budget, il ne rentrera que « quand il le jugera bon : on prête à M. Picquié et à ses amis des intentions qu’ils n’ont certainement pas. »
Certes, et nous sommes les premiers à répéter ce que nous avons dit maintes fois : le fromage est trop confortable pour que notre premier budgétivore l’abandonne délibérément et sans regrets.
On sait d’ailleurs comment l’intéressé a racolé des pétitions malgaches, femmes, enfants, illettrés même, suppléés dans la signature par les émissaires de la Secrète, pour essayer de donner le change sur le sentiment d’antipathie générale.
Ce qu’on ignore, c’est qu’il a eu recours, comme le plus humble des employés, à un certificat médical complaisant.
Oh, ce certificat médical ! Qu’on imagine l’accueil ministériel devant l’attestation que l’auguste malade avait bon pied, bon œil et les méninges intactes !
Et, fiévreusement, M. Picquié attend la réponse à sa demande de prolongation de séjour, car son mandat vient à expiration en octobre prochain. En attendant, il essaie de donner l’illusion d’un reste de vie par un transport, tel un colis, sur la Côte Ouest.
Aux États-Unis, on l’eût proclamé depuis longtemps indésirable et, comme tel, embarqué d’office sur le premier paquebot en partance. Mais nous sommes dans une Colonie française et c’est bien le moins qu’elle serve de refuge aux vieilles épaves de la Métropole.

Petite manœuvre

Pour appuyer sa demande de prolongation, M. Picquié l’a faite précéder d’un câblogramme au Ministre des Colonies rendant compte bien tardivement des résultats définitifs de l’exercice 1912, soit un excédent de recettes d’un peu plus de 5 millions à verser dans la caisse de réserve.
C’est là une malice cousue de fil blanc, personne n’ignorant que ce résultat a été atteint en dépit de la présence du gouverneur et n’est dû qu’à l’élan vigoureux imprimé par ses prédécesseurs.

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