1 novembre 2015

Un magicien chez Ranavalona III

Le magicien toulousain (1838-1913) débarque à la cour de Madagascar en 1886 pour distraire la reine Ranavalona III. Les relations entre le gouvernement de la Grande Île et la France sont tendues. Les Britanniques sont en première ligne. Mais Marius Cazeneuve se fait fort, en utilisant son art de la persuasion, de redresser la barre et d’offrir à son pays ce qui, croit-il, lui revient de droit : la domination de Madagascar. Puisqu’il raconte lui-même son séjour, il convient de le lire avec une certaine méfiance : il s’y donne en effet un rôle si important que sa version paraît trop belle pour être vraie. Bien qu’il s’en défende, il est probable qu’il a considérablement exagéré les choses dans cet autoportrait flatteur. Mais son récit est toujours agréable à suivre et il permet de découvrir la vie de l’époque dans la capitale malgache.
L'ouvrage est réédité au format numérique par la Bibliothèque malgache. (2,99 euros ou, à la Librairie Lecture et Loisirs du Tana Water Front, 9.000 ariary)

Présentation

Nous sommes en 1886. Un des plus habiles prestidigitateurs que le monde ait connus, le Toulousain Marius Cazeneuve (né en 1839, mort en 1913 dans la Cité rose) débarquait à Tamatave avec l’idée bien arrêtée de donner une séance devant la reine Ranavalo elle-même et de servir ainsi la propagande française.
Il donna d’abord quelques soirées qui lui procurèrent le prestige qu’il désirait et, un beau jour, on lui fit dire qu’on l’attendait à la cour de Tananarive.
Avec empressement, notre Toulousain se rendit à l’invitation. Ses séances de prestidigitation furent un triomphe et les bonnes grâces de la reine lui furent tout acquises.
À la fin d’une de ses soirées ahurissantes donnée devant les personnalités diplomatiques, Marius Cazeneuve termina par un exploit extraordinaire en même temps qu’il fit valoir sa phobie de l’Angleterre. Trois sentinelles hovas gardaient la salle. Cazeneuve déclara :
— Je vais demander à ces soldats de me fusiller.
— Non, non, cria-t-on de toute part.
— De quelle provenance sont leurs fusils ? continua imperturbable le magicien.
— De provenance anglaise, répondit Sa Majesté.
— Ah ! tant mieux, car s’ils étaient de fabrication française, je n’oserais tenter mon expérience ; mais une arme et des munitions anglaises…
Et, dans un geste, il soulignait son dédain pour le matériel britannique.
L’expérience eut donc lieu. Trois détonations retentirent. Cazeneuve, toujours debout, présenta à l’assistance bouleversée les balles qui venaient d’être tirées sur lui et qu’il avait auparavant marquées d’une encoche. On devine dès lors son triomphe et son prestige. Il sut s’en servir pour ouvrir à la France les voies de Madagascar.
En 1887, la Maison Kingdon, de Londres, est sur le point de passer un traité pour un emprunt de dix millions de livres, mettant ainsi la grande île sous la domination anglaise pour plusieurs années.
Cazeneuve intervient auprès de la reine et fait tant que le projet anglais est déchiré et que le Comptoir d’Escompte de Paris négocie l’emprunt.
Habilement, un Français, soucieux de servir son pays, accomplissait peu à peu, par des moyens sans doute peu familiers à nos diplomates, œuvre utile et féconde.
Robert Courrech.
Le Journal, samedi 20 et dimanche 21 juin 1942.


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