16 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (2)

(Suite.)
Lorsque la route sera établie entre ce dernier point et Ambato, le prix s’élèvera à 105 francs, ainsi qu’il est facile de le prouver.
De Majunga à Ambato les frais de transport resteront les mêmes, soit 15 francs la tonne. La route d’Ambato à Maevatanana par Ambala-Zanakaomby aura une longueur d’au moins 180 kilomètres. Or, les transports par les moyens actuels, c’est-à-dire par les charrettes à bœufs, reviennent à 50 centimes le kilomètre, soit 90 francs, et 90 et 15 font bien, à Madagascar, 105 francs.
Il n’y aurait donc pas économie, mais bien perte d’argent. Celle-ci serait-elle compensée par une économie de temps ? Pas davantage. Les marchandises qui empruntent aujourd’hui la voie fluviale mettent cinq à six jours pour effectuer le trajet entre Majunga-Maevatanana. Elles en mettront douze à quinze pour faire le voyage par terre. Voilà les résultats… à l’envers que nous obtiendrons, et cela au prix de quels sacrifices ?
Car cette route n’a même pas l’excuse d’être réalisable à peu de frais. Son établissement serait beaucoup plus coûteux que la mise en état de navigabilité de la Betsiboka tout au moins jusqu’à Marololo. En effet, elle nécessiterait notamment sur la Betsiboka la construction d’un pont de quelques centaines de mètres dont le prix de revient dépasserait 2 millions.
Ce chiffre n’est aucunement exagéré, attendu que les assises des piles devraient être établies à 7 ou 8 mètres de profondeur, et avoir semblable hauteur au-dessus de l’étiage. De plus, il faudrait faire un tablier assez large pour recevoir, à plus ou moins lointaine échéance, une voie ferrée, fût-ce un simple Decauville. On ne comprendrait pas, en effet, un pont qui devrait être repris entièrement dès que la vie économique acquerrait une plus grande activité.
On peut estimer, d’autre part, que l’établissement, sur 180 kilomètres, d’une chaussée susceptible de résister aux pluies diluviennes qui s’abattent sur la région, exigerait également plusieurs millions.
Ainsi donc, nous arrivons à une dépense totale que les personnalités compétentes estiment devoir atteindre sept à huit millions.
(À suivre.)
Le Courrier colonial

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