17 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (3)

(Suite et fin.)
Les nombreux partisans de la voie fluviale disent : il n’y a pas plus de 70 à 80 kilomètres d’Ambato au confluent actuel de la Betsiboka avec l’Ikopa au sud de Marololo. Pour rendre cette partie navigable en toute saison, il suffirait d’un dragage continuel ou de l’établissement, de distance en distance, de barrages biais, autour desquels les sables amoncelés renforceraient les berges et obligeraient le fleuve à rester dans son lit, à creuser lui-même son chenal.
Nous ne sommes pas assez documenté pour apporter ici les mêmes précisions de prix que pour la route, mais tout le monde est d’accord pour dire que même la construction d’un canal latéral serait moins onéreuse que celle d’une route d’Ambato à Maevatanana.
En résumé, j’estime que le budget local ferait une sérieuse économie en préférant à la route projetée de Maevatanana à Ambato, la voie fluviale actuelle, améliorée et complétée. Le premier de ces deux projets est non seulement inutile, il est encore désastreux, car son exécution aurait pour résultat de laisser à l’abandon une excellente voie naturelle pour en construire une de toutes pièces, qui ne représenterait pour les transporteurs ni économie de temps ni économie d’argent.
Évidemment, ce ne serait pas la première fois que pareil fait se produirait à Madagascar. Les officiers du génie qui ont établi la voie ferrée de Tananarive à Brickaville, semblent bien avoir cherché les obstacles pour avoir le mérite d’en triompher. Ils ont ainsi prodigué des millions dont l’emploi n’aurait pas été difficile à trouver ailleurs. Mais le temps où l’on pouvait dépenser sans compter est passé, M. Francis Mury le disait ici même mardi dernier. La métropole refuse à Madagascar l’autorisation de contracter un emprunt pour exécuter des travaux d’utilité publique d’une importance indiscutable. Il faut donc écarter les projets coûteux pour adopter ceux qui ne nécessitent pas des dépenses trop élevées.
Si les raisons en faveur de l’amélioration du cours de la Betsiboka ne paraissent pas à tous suffisantes pour faire pencher la balance au profit de ce projet, l’économie qu’il représente devrait lui rallier tous les colons de la côte Ouest de la Grande Île.
Jean Payraud.

Le Courrier colonial

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