22 janvier 2014

Il y a 100 ans : Sur les Pangalanes

Le canal des Pangalanes à Madagascar vient d’être prolongé d’Ivondro à Tamatave.
Qu’est-ce que les Pangalanes ? Une succession d’étangs salés que l’affluence du sable – l’océan Indien en charrie beaucoup – a, peu à peu, isolés de la mer, enserrés entre les terres du littoral.
À quoi servent-ils ? À la navigation. Des bateaux à vapeur y circulent tout comme sur la Seine, transportant les passagers – colons et commerçants –, remorquant des chalands, convois de riz, de café, de vanille, de peaux, de gommes, tout ce que la colonisation tire de la flore et de la faune si intenses de la côte orientale.
Est-ce tout ? Non. Les Pangalanes sont et seront pour le tourisme à Madagascar une source… un canal de richesses. Aucun voyage ne peut se comparer à celui que l’on peut faire le long des Pangalanes. Pendant tout un jour, à la forte lumière des Tropiques, on a l’impression d’explorer de la préhistoire. Le bateau traverse des lacs d’eau verte, vastes et ronds ; à la surface, des paillottes de pêcheurs portées sur pilotis ; sur les rives éblouissantes, de rouges troupeaux de zébus. Vous passez par des chenaux tranchés dans le sable ; vous longez des îlots où dorment au soleil des caïmans, que le bruit de l’hélice fait se précipiter à l’eau ; et vous arrivez sur l’Eau Noire. Ainsi les indigènes appellent les fleuves aux flots ténébreux et lourds, couleur de jus de tabac, d’où jaillit en forêt la plus étrange des végétations amphibies : les sonjes épanouis comme des bananiers ; des sortes de palmiers-dattiers ayant pour grappes des hampes d’orchidées blanches ; des fourrés de hauts roseaux amarrés de lianes, et à travers les dédales de cette sylve lacustre, si vous saviez comme c’est beau de voir soudain glisser de longues pirogues noires, chargées de régimes de bananes, de feuillages et de femmes malgaches, éclatantes comme des pervenches dans leurs châles verts, bleus et rouges ! Un homme à l’arrière rame ; elles, comme des oiseaux, chantent… sur les Pangalanes.
Marius Ary Leblond.

Le Courrier colonial


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