11 juin 2014

Il y a 100 ans : Les frasques de M. Lebureau à Madagascar (2)

(Suite.)
Et notre malheureux colon se demande si la première tranche du premier cinquième à rembourser au 31 décembre prochain ne lui sera pas réclamée avant qu’il ait en main l’insaisissable mandat ! Il paraît, d’ailleurs, que son cas n’est pas isolé, nos correspondants de la Grande Île signalent plusieurs autres cas de colons sinistrés en 1912, qui se trouvent dans la même situation.
Dans une administration aussi compliquée que celle d’une colonie de l’importance de Madagascar, il est impossible que le chef puisse avoir l’œil à tous les détails ; aussi considérons-nous comme un devoir de lui signaler les incidents de cette nature.
Le même colon a eu également à se plaindre d’autres services de la Grande Île, et il remarque à ce propos que plus on est loin du chef-lieu de la colonie, plus les doléances sont fréquentes contre l’administration.
Tout récemment il recevait une note impérative l’invitant à régler par « mandat télégraphique » un compte soi-disant demeuré en souffrance. Comme ce compte s’élevait à 600 ou 700 francs, le colon n’avait pas été, surtout dans sa situation actuelle, sans s’apercevoir du jour où il l’avait payé. Il en avait le reçu en règle depuis deux mois !
En d’autres circonstances il eût laissé aller la procédure jusqu’à la saisie, se réservant alors d’exhiber le document qui prouvait sa libération et de réclamer des dommages-intérêts auxquels il aurait eu droit sans conteste. Mais il craignit que ce bon tour joué à l’administration ne lui attirât des représailles et ne fît retarder encore la remise du mandat si impatiemment attendu.
Il se contenta donc de démontrer son erreur au chef du service intéressé qui, d’ailleurs, ne crut même pas devoir lui faire des excuses d’une pareille inadvertance.
Nous ne sommes pas pour cela de ceux qui voudraient voir le budget d’une colonie transformé en vache à lait au bénéfice des colons ; nous estimons, au contraire que la méthode de colonisation la plus rationnelle consiste à donner à ces derniers le sentiment de leur responsabilité, à leur faire comprendre la nécessité de l’initiative individuelle.
 (À suivre.)

Le Courrier colonial


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