14 février 2015

Il y a 100 ans : Le commerce allemand à Madagascar – La contrebande (2)

(Suite.)
Tandis que le colon ou commerçant français, en colonie, ne reçoit qu’ennuis et vexations de la part d’une administration dont le rôle au contraire serait de le protéger, par contre le colon allemand en pays étranger est l’objet de la sollicitude et de l’appui de son gouvernement, ce qui du même coup lui vaut les égards et la bienveillance de notre propre administration.
Témoin, la maison O’Swald. Le directeur de cette maison était, en même temps, comme consul, le représentant attitré de son gouvernement, et à ce titre jouissait des prérogatives attachées à cette charge. Pas de fête, pas de réunion, pas de réception, pas de société où il n’occupât un des premiers rangs. Il en était de même pour ses employés, officiers de l’armée allemande. On a trouvé des vêtements d’officier dans leurs bagages, le jour où ils ont été internés. Sportsmans accomplis, ils figuraient parmi les fondateurs de toutes les sociétés de sport de Tamatave, quand ils n’en étaient pas les initiateurs.
Valseurs infatigables, ils étaient une ressource très appréciée et très recherchée par les maîtresses de maison. Encore à ces points de vue il en résultera un grand vide dans la société tamatavienne. C’était l’envahissement méthodique et continu de la kultur allemande, auquel, bonnes poires que nous étions, nous nous sommes si naïvement laissé prendre.
De même nous nous arrachions leur kamelote dont ils avaient si bien inondé notre place, qu’aujourd’hui que la source en est tarie, certains articles, que nous ne recevrons plus, je l’espère, font défaut sur le marché. Combien de commerçants soi-disant introducteurs, recevaient directement leurs marchandises à crédit de la maison O’Swald !!…
Alors même que leurs produits eussent, en Europe, coûté le même prix, ils arrivaient ici à meilleur marché, grâce à leur vapeur, le Zanzibar, qui venait régulièrement les approvisionner.
À ce propos, la statistique nous dit gravement et sans sourciller que l’importation allemande s’élevait seulement à un million de francs par an dans notre colonie, alors que l’exportation atteignait le chiffre de dix millions.
D’abord à quel commerçant fera-t-on croire que les Allemands à Madagascar importaient neuf millions en numéraire pour nous acheter nos produits ?
(À suivre.)

Le Tamatave

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