16 juillet 2015

Il y a 100 ans : La question des vivres pour se procurer de la viande (2)

(Suite et fin.)
La mortalité s’éleva pourtant, au cours d’autres voyages, à 25 %. Les importateurs se sont rendu compte de la cause de ces insuccès partiels. Il est à souhaiter que l’administration et les importateurs ne tombent pas dans les erreurs commises.
Les bœufs zébus doivent n’être parqués que sur le pont et le faux-pont. Ils ne doivent, en aucun cas, être placés dans des endroits qui ne pourraient pas être facilement ventilés. Le plancher doit être constamment nettoyé ; de nombreux lavages à l’eau de mer doivent servir à évacuer leurs déjections.
Mais la principale précaution à prendre a trait à la nourriture. Elle doit être, durant la traversée, abondante et variée : des foins importés et surtout des foins indigènes doivent leur être distribués, paddys, maïs concassé. La principale précaution doit consister à leur procurer une bonne boisson. Le bœuf zébu ne résiste pas à l’absorption de l’eau de mer ou de l’eau obtenue par distillation incomplète de l’eau de mer. Il est indispensable au premier chef de faire une ample provision d’eau douce au départ et de remplacer cette eau aux escales de Djibouti et de Port-Saïd. C’est la cause des insuccès de MM. Ollié et Rey. Par une enquête, ils eurent la preuve que, par suite du défaut de provision, on avait fait boire de l’eau salée au troupeau. La mortalité s’éleva à 30 % et les bêtes débarquées à Marseille avaient perdu plus de 30 % de leur poids.
Enfin, il est indispensable de faire convoyer les bœufs par des bergers malgaches qui connaissent les mœurs du troupeau et les soins à donner.
Si on tient compte de ces enseignements, Madagascar peut nous fournir la viande qui peut un jour nous faire défaut. On peut très facilement importer 200 000 têtes, et très rapidement.
Il appartient au gouvernement de prendre toutes mesures utiles pour empêcher une hausse trop considérable du prix de la viande, événement qui pourrait avoir de graves conséquences pour les services de l’intendance et surtout pour la population civile qui ne pourra pas, dans la campagne, profiter des envois de viande congelée.
E. Barthe,
Député de l’Hérault.

L’Humanité

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