20 juillet 2015

Il y a 100 ans : Le service de colonisation à Madagascar (2)

(Suite et fin.)
La première question qui se pose est celle-ci : comment et dans quels cadres choisira-t-on le chef d’un service réunissant entre ses mains des attributions aussi diverses ? L’agriculture, l’hydraulique, les forêts, les haras ne nécessitent-ils pas, respectivement, des connaissances techniques spéciales ? Le titulaire sera-t-il un technicien (ingénieur, vétérinaire, etc.), ou un fonctionnaire sans compétence reconnue ?
Nous ne voyons pas très bien, pour notre part, un vétérinaire s’occupant d’agriculture, d’hydraulique ou de forêts, pas plus qu’un ingénieur des arts et manufactures tranchant les questions agricoles, sylvicoles, prophylactiques. Un fonctionnaire d’ordre administratif ou un politicien serait encore moins à sa place dans un pareil domaine.
Les candidats à ce poste pourvu d’un assez coquet traitement ne manqueront pas, il est vrai, de nous faire l’objection suivante : les chefs de section seront spécialisés. Soit, mais alors pourquoi créer une sinécure inutile et onéreuse ? Pourquoi ne pas laisser l’entière responsabilité de la marche de leur service à ceux qui sont capables d’en assurer la bonne exécution ? Constituer une direction unique, n’est-ce pas s’exposer à entraver tout progrès, à supprimer toute initiative ? Les chefs des diverses sections, agissant en sous-ordre, ne montreront pas la même activité.
En ce qui concerne l’hydraulique, en particulier, cette section ne devrait-elle pas être réunie aux travaux publics ? Les agents de ce service semblent tout désignés pour effectuer, dans les meilleures conditions possibles, les constructions de barrages, de canaux d’irrigation ou de drainage, etc.
Nous avons cru nécessaire de montrer en quelques mots les inconvénients qu’il y aurait à grouper des services aussi divers. Leur réunion sous une seule direction n’offre, on le voit, que des difficultés pour la bonne administration de chacun d’eux.
En matière administrative, notamment, il ne faut jamais perdre de vue le principe posé par les Anglais dans cet axiome : « The right man in the right place », axiome que La Fontaine avait excellemment exprimé dans ces vers, non moins lapidaires :
« Chacun son métier
« Les vaches seront bien gardées… »
Jean Peyraud.

Le Courrier colonial

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