24 novembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar et la guerre (2)


(Suite et fin.)
D’abord, il importe de mentionner qu’une colonne expéditionnaire, personnel et matériel, fut entièrement organisée à Madagascar en vue d’opérations dans l’est africain allemand. Ce corps fut finalement maintenu à Madagascar. Il n’en représenta pas moins à la fois une réserve éventuelle et un concours moral pour nos alliés anglais. En abandonnant aux Anglais la totalité de l’Est africain allemand, la France s’apprête à faire preuve envers eux d’une générosité que certains seraient fondés à trouver excessive. N’oublions pas, d’ailleurs, que, de diverses façons, notamment par l’envoi de bœufs vivants et de conserves de viande, Madagascar coopéra au ravitaillement des colonnes d’opération anglaises et portugaises, en même temps que notre T. S. F., en interceptant des signaux et les communiquant aux Anglais, contribuait au blocus de la colonie allemande.
Madagascar envoya à la métropole tout le matériel de guerre dont elle pouvait disposer soit plus de 1 200 tonnes.
Mais que dire du concours en hommes qu’elle lui apporta ! Près de 5 000 Européens furent embarqués à destination des armées, chiffre considérable si on le compare à la totalité de la population de Madagascar. Ce prélèvement ne porta préjudice ni à la vie économique de l’île, dont le commerce général bondit de 94 millions en 1914 à 223 millions en 1917, à sa vie administrative puisque le budget de 1916 se clôtura par un excédent de rectales de plus de six millions de francs.
Quant à l’impôt du sang que payèrent les indigènes, en un pays qui n’était français que depuis moins de vingt ans quand éclatèrent les hostilités, leur concours, stimulé par la prime d’engagement, fut remarquable : 45 863 engagés, soit une proportion égale à celle des engagés fournis par l’Afrique Occidentale française. Bien plus, à partir de l’hiver 1917-1918, ces indigènes restèrent toute l’année aux armées, au lieu d’être renvoyés dans le Midi ou en Algérie pendant les froids, ce qui augmenta sensiblement leur rendement.
Henri Labroue,
Député de la Gironde.
Le Tamatave



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