16 septembre 2013

Il y a 100 ans : Bricoles

Il y a des gens qui s’obstinent à ne pas vouloir comprendre pourquoi les coloniaux se montrent si empressés à regagner leurs pénates coloniales après un court séjour en France. La raison en est cependant simple comme une formule de politesse administrative. C’est qu’ils ne s’y meuvent pas à l’aise. Dans le temps un homme, dont l’existence tint une grande place dans les préoccupations du monde, que par convention on appelle toujours civilisé, Bismarck, écrivit une satire mordante des mœurs de l’époque (1860) et de l’esprit de discipline qui régnait au beau moment de l’autorité impériale : « … on ne peut se tenir tranquille, sans entendre à côté de soi : Circulez s’il vous plaît. Je ne serais pas étonné de voir au lever du matin un visage avec moustache et impériale sous un chapeau de guingois qui me dise avec la politesse d’un gardien de prison : Pissez s’il vous plaît, changez de chemise s’il vous plaît. On cesse de se moucher, d’éternuer à sa volonté dès qu’on met le pied dans cette ornière. »
Nous, les coloniaux d’aujourd’hui, sommes comme le Bismarck de 1860, nous voulons pouvoir éternuer sans qu’on nous y invite.
*
Il paraît, dit un journal métropolitain, que la résolution de la question immigration main-d’œuvre à Madagascar est excessivement grave. Elle nécessite l’intervention de la maison qui est au coin du quai.
Or, comme par là on est assez embarbouillé par les histoires de brigand, provoquées par l’intransigeance de Monsieur Ferdinand, il y en a pour un sacré moment avant que l’on s’en occupe.
D’autre part, comme au ministère, il faut se préoccuper de la pénurie des ronds de cuir, de donner satisfaction aux amicales de budgétivores, de pourvoir aux nominations de gouverneurs, etc., etc., à propos des nominations de gouverneurs indigènes, il paraît qu’il fut à un moment donné question de tirer au sort entre les administrateurs en chef et les secrétaires généraux, mais le garçon du bureau du ministre a fait remarquer que c’était contraire aux usages.
Au fond, pour nous colons, ça n’a pas d’importance, ce qui en a, c’est que nos affaires sont reléguées à l’arrière-plan.
« Des Petites Affiches. »

Le Progrès de Madagascar

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