24 septembre 2013

Il y a 100 ans : Une excursion sur l’Ivondro (5)

(Suite.)
Nous avons demandé par quelle voie l’usine de Las Palmas pouvait écouler ses produits sur Tamatave. On nous a répondu qu’après être arrivés sur des chalands par la rivière, en face de la gare de Mahatsara, ils étaient débarqués à dos d’homme et transportés de même jusqu’à cette gare, d’où ils étaient expédiés sur Tamatave par le T. C. E.
Or cette gare se trouve à 300 m. de la rivière. On devine combien ce transbordement est pénible, coûteux, et les dangers de détérioration qu’il présente pour les produits en cas de mauvais temps qui presque toujours se présente d’une façon si imprévue.
Mais il y a quelque chose de bien plus irritant et qui est loin de faire honneur à notre administration.
C’est qu’à l’époque où la France a conquis Madagascar, les colons de l’Ivondro et de toute la zone environnante pouvaient se rendre à Tamatave avec leurs pirogues et leurs canots, directement, sans transbordement d’aucune nature, par le Tapakala et un canal creusé de main d’homme par Radama qui reliait le fleuve de l’Ivondro à la rivière du Manangarèze et par suite au port de Tamatave.
C’est même par cette voie fluviale qu’on été transportés les hommes et les canons qui allaient attaquer le fort de Farafatra, en contournant les marais.
C’est encore par cette voie que la Cie des Messageries françaises des Pangalanes a transporté partie du matériel qu’elle a installé dans ses ateliers de l’Ivondro.
C’est enfin par cette unique voie existant alors que se faisait tout le transport allant soit vers le Sud, soit vers Tananarive.
Eh bien ! – on le croira difficilement, mais il faut cependant le reconnaître, et il ne sera peut-être pas inutile de le répéter, – ce que les rois de l’Émyrne, rois sauvages, se plaît-on à dire, avaient eu l’intelligence de faire, nous, les conquérants civilisés, nous l’avons détruit, alors que dans toutes les parties du monde, il est bien établi que les voies de communication les plus économiques, les plus faciles, celles que l’on s’efforce d’établir partout où cela est possible, même en concurrence avec des chemins de fer, ce sont les voies fluviales, le chemin qui marche.
(À suivre.)

Le Tamatave

Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
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