(Suite.)
Mais avant de procéder
aux interrogatoires, M. le Président donne lecture de l’exposé ci-après,
écouté dans le plus grand silence.
Exposé
Pour permettre à
l’auditoire de suivre les débats qui vont s’ouvrir, il va être fait un exposé
retraçant brièvement la genèse de l’affaire dite « Provocation à la
révolte », sur laquelle le Tribunal du 2e degré de la
province est appelé à statuer.
En septembre et octobre
de l’année 1915, le Gouvernement de la Colonie, ainsi que l’Administration
Provinciale, étaient avisés de l’existence d’une Société secrète en formation
par des indigènes qui avaient été sollicités d’en faire partie et qui avaient
cru devoir loyalement prévenir le Gouvernement. Les noms des principaux
militants étaient notoirement connus et les renseignements recueillis de divers
côtés en se recoupant avaient mis nettement l’Administration supérieure sur la
trace du projet de complot, qu’elle se proposait d’éventer au moment propice
lorsque les fils et ramifications auraient été déterminés avec précision. Mais
les précautions prises par les affiliés qui ne se réunissaient jamais au même
endroit ne permirent pas, malgré toutes les dispositions prises, de recueillir
des preuves suffisantes du but que les membres de cette Association
poursuivaient. La surveillance étroite exercée autour d’elle n’en fut que plus
active et rétrécissait déjà le cycle de ses recherches, lorsque subitement,
vers fin décembre, un indigène d’une province de l’intérieur sollicité et
pressé d’entrer dans cette Société secrète se décidait, spontanément par un
loyalisme exemplaire, à signaler les menées subversives dont il était l’objet
et à faire des révélations détaillées.
Dès lors, la trame tissée
patiemment par certains indigènes, désireux de recouvrer, pour des raisons que
les débats mettront probablement en relief, l’indépendance d’une Nation
malgache formée de l’unité de toutes les races de la Grande Île, était percée à
jour.
Les arrestations faites à
Ambalavao fin décembre obligèrent l’Administration à précipiter les événements,
car dès ce moment les affiliés voyant leur Société découverte pouvaient se
concerter pour égarer les investigations de la justice et faire disparaître
certains éléments de culpabilité.
(À suivre.)
Le Tamatave
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