(Suite et fin.)
Sans doute, les tribunaux se montrent aujourd’hui très
prudents pour statuer dans des questions de cette nature, mais il n’en est pas
moins vrai que le cas s’est présenté, et que cette épée de Damoclès est
suspendue sur la tête du colon, qui peut voir, d’un coup, sa fortune
disparaître, en même temps que le produit de ses sueurs et de son labeur de
plusieurs années.
Devant cette iniquité que l’on peut qualifier de
monstrueuse, que fait la Colonie, l’Alma
Mater du colon ? Il est pénible de le dire, mais comme Pilate, elle
s’en lave les mains.
Méditez les clauses de son article VI qu’elle insère
tout au long dans le titre provisoire de propriété qu’elle vous impose, et qui
est à prendre ou à laisser.
Art. VI. –
L’autorisation d’occuper le terrain ci-dessus désigné est purement provisoire
et est accordée sous la réserve expresse des droits quelconques pouvant appartenir
à des tiers, dans le cas où par suite, soit d’une action en Justice, soit d’une
décision du tribunal statuant sur la demande d’immatriculation, soit une
sentence de tout autre tribunal, le preneur se verrait contraint d’abandonner
tout ou partie de sa propriété, ce dernier n’aura aucun recours contre le domaine et ne pourra réclamer des
dommages intérêts ; mais il lui sera concédé dans la même région un
terrain d’une superficie égale à celle dont il aurait été dépossédé.
Voyez-vous bien le colon évincé, ruiné, de santé et
d’argent, aller recommencer son via
crucis sur un autre terrain, avec la même perspective d’en pouvoir être
évincé, une fois mis en valeur.
Il suffirait de rapporter au premier bornage fait au moment
de la demande de concession ce délai de trois mois accordé aux prétendants
droits avant que le colon n’ait dépensé ni un centime de son argent ni une
heure de sa sueur.
Peut-on imaginer une clause léonine plus odieuse, plus
inique, plus anti-coloniale enfin.
Espérons que, dans la prochaine conférence, la législation
sur la propriété foncière sera remaniée de façon à offrir toutes facilités et
toutes garanties aux colons.
Le Tamatave
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