13 mars 2014

Il y a 100 ans : La surveillance des autorités indigènes

M. le gouverneur général Picquié vient de prendre une mesure qui a été hautement approuvée par tous les colons. Il a, en effet, sanctionné une décision du chef de la province de l’Itasy que nous avions brièvement mentionnée et qui punissait d’une amende de 5 francs les 5 contribuables formant le fokonolona du village de Morarano pour inexécution d’une des plus importantes fonctions de leur charge. Ils n’avaient pas réprimé le vagabondage comme ils l’auraient dû.
Quand on connaît toute la bienveillance pour les indigènes de M. Picquié, qui veut les attirer à nous, non par la manière forte, mais par des mesures de justice et d’équité, on est amené à penser que, pour s’être résolu à sanctionner cette mesure de rigueur, il fallait qu’elle lui ait paru absolument nécessaire.
Nous avons eu raison d’appeler les Malgaches à collaborer avec nous à l’administration locale. Mais il ne faudrait pas qu’il en résulte des abus.
Nous sommes amenés à insister sur ce point à cause d’un fait d’une réelle gravité qui s’est produit au village de Menarano, qu’il ne faut pas confondre avec Morarano, dont nous venons de parler.
Un crime a été commis, il y a eu précisément hier, 16 février, un an. Or, il a été démontré que l’attentat avait été prémédité, même annoncé d’avance, et que le fokonolona n’avait rien fait pour l’empêcher, pas plus que pour retrouver les coupables.
Chef de province et chef de district avaient été d’accord, à ce moment, pour demander que l’on fît un exemple susceptible d’impressionner les indigènes de la région. Une enquête fut ouverte. Qu’en est-il advenu ?
C’est ce que se demandent les colons qui sont inquiets de cette incompréhensible impunité. On n’est pas loin de croire que le dossier de l’enquête s’est égaré en route, car les faits de Menarano étaient beaucoup plus graves que ceux de Morarano. Il n’est donc pas douteux que si les résultats de l’enquête étaient parvenus jusqu’au gouverneur général, ce dernier aurait sévi plus rigoureusement encore dans le second cas que dans le premier.

Le Courrier colonial


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