15 septembre 2014

Il y a 100 ans : Les événements et les hommes

Le Journal de Madagascar publie dans son numéro du 14 juin 1914 la lettre par laquelle l’honorable Monsieur Bérard jette à la face du Gouverneur Général sa démission de 2e adjoint au maire de Tamatave.
Tamatave, le 11 juin 1914.
Monsieur le Gouverneur Général,
J’ai l’honneur de vous adresser ma démission de 2e adjoint et membre de la Commission municipale de Tamatave.
J’ai, comme beaucoup de mes collègues, toujours estimé que les attributions purement consultatives des commissions municipales étaient insuffisantes et de nature à décourager les meilleures bonnes volontés.
J’espérais qu’un jour l’Administration supérieure comprendrait que des communes comme Tamatave avaient le droit de ne pas rester éternellement en tutelle.
Depuis six mois que le nouveau décret du 9 octobre 1913 a enfin paru, j’attendais tous les jours votre arrêté convoquant les électeurs de Tamatave à choisir leurs représentants.
Je vois, par l’exemple de récentes nominations, que vous n’entendez pas renoncer à laisser substituer les commissions municipales et à remplacer vous-même les membres indépendants par des amis dévoués.
J’estime dans ces conditions que ma place n’est plus désormais dans cette parodie de municipalité ; et, laissant à d’autres l’honneur de prendre ma place en récompense de leur soumission, j’attendrai que le représentant de la République Française à Madagascar veuille bien y appliquer le décret qui nous permettrait de jouir d’une des rares institutions de notre pays qu’on ait bien voulu nous octroyer.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Gouverneur Général, l’assurance de ma haute considération.
E. Bérard.
Commentant cette lettre, Les Petites Affiches de Majunga écrivent, dans leur numéro du 30 juin :
Ainsi fortement et fermement motivée, cette lettre résume bien la situation politique à Madagascar.
D’une part un pouvoir absolu sans frein et sans contrôle, laissant à son détenteur la possibilité de commettre toutes les iniquités, tous les abus qu’il lui plaît de commettre, d’autre part la masse des contribuables, colons et indigènes, jouissant d’un seul droit, celui… de payer, sans discussion possible.

Les Annales coloniales


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