14 mai 2016

Il y a 100 ans : Les Affaires (4)

(Suite.)
Qu’en présence des constatations de ce matin, il serait contraire à toute équité et même à toute justice de le maintenir en prévention, alors que le motif de cette prévention a disparu.
Que, dans les circonstances présentes, il importe au plus haut point qu’aucune décision ne s’écarte des principes supérieurs au respect desquels le Tribunal entend rappeler les accusés.
C’est pourquoi ils vous prient, Messieurs, qu’il vous plaise ordonner la mise en liberté provisoire de Frère Jullien, de la Doctrine Chrétienne, accusé de participation à un complot contre la sûreté de l’État et dont l’innocence a été reconnue.
Et ce sera justice.
Le Tribunal en donne acte, et en fin d’audience il a rendu un jugement accordant la liberté provisoire du Frère Jullien.
L’audience du mercredi soir, c’est-à-dire la huitième audience, s’est terminée sur un incident qui ne fut pas sans causer une très vive émotion. Robin, Ravoangy, Randrimaheta, Ravelonahina furent aux prises et se lancèrent à la tête accusations et démentis.
Sauf erreur, aujourd’hui ou demain, nous pourrons voir se produire quelque coup de théâtre précis.
L’assistance était, hier après-midi, considérable.
L’audience fut levée à 17 h. 30.
Document
Au début de l’audience du 3 février, le Président lut la lettre suivante que lui adressèrent les avocats-défenseurs :
Monsieur le Président,
Nous avons appris de source sûre que des manifestations plus graves que les précédentes doivent avoir lieu aux prochaines audiences du Tribunal que vous présidez. Si ces faits se produisent, nous sommes décidés à requérir qu’il soit immédiatement dressé procès-verbal contre leurs auteurs quels qu’ils soient. Dans le cas, évidemment pas probable, où il ne serait pas fait droit à nos réquisitions, nous nous verrions obligés de quitter la salle d’audience. Ce ne serait pas sans regret que nous prendrions cette détermination, dont les graves conséquences ne sauraient vous échapper. Mais nous avons le devoir de défendre par les moyens dont nous disposons non seulement notre dignité, mais encore et surtout un des droits les plus sacrés que les nations civilisées s’honorent de respecter, celui de la défense de tout accusé devant la justice criminelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments dévoués.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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