Dans sa séance du 26 août dernier, la Chambre des Mines
de la Colonie, entre autres questions des plus intéressantes, s’est occupée de
l’interdiction d’exporter aux États-Unis le graphite de Madagascar.
Nous avions déjà signalé le grave préjudice causé par cette
interdiction aux exploitants de graphite de la colonie, et nous avions fait
connaître les causes peu avouables de cette interdiction. La Chambre des Mines
insiste sur la gravité de ce préjudice ; mais elle passe sous silence les
causes que nous avions dénoncées.
Patriotiquement, elle fait ressortir que tous les
exploitants de graphite sont parfaitement d’accord pour réserver, – d’abord et
avant tout, – à la France et à ses alliés
les stocks qui leur sont nécessaires. Il est à peine besoin de dire que nous
sommes tous d’accord sur ce point.
Mais où notre manière de voir diffère considérablement de
celle de la Chambre des Mines, c’est lorsque celle-ci déclare que la France et ses alliés n’absorbent qu’une faible
partie de notre production. Elle ajoute que par suite les exploitants de la
colonie devraient donc pouvoir légitimement disposer du surplus de leur
production, et la Chambre des Mines ne voit d’autre pays d’exportation que le
pays neutre des États-Unis.
Que fait-elle des alliés ? Nous mettons de côté
l’Angleterre qui, par ses colonies, produit à elle seule de quoi fournir du
graphite à toutes les autres nations.
Nous mettons également de côté l’Italie qui ne peut être
pour nous un acheteur important.
Mais que dites-vous de la Russie et du Japon ? Ce sont
des alliés ceux-là, et même des alliés des plus sérieux. Ils en donnent une
preuve palpable à l’heure présente. Dans le Japon, 1 200 usines,
occupant plus de 100 000 ouvriers, fournissant depuis longtemps, et exclusivement, aux Russes les munitions
qui leur ont permis de réparer leurs désastres et de reprendre leur marche en
avant.
Cependant, malgré la certitude que nos graphites ne
serviraient pas à nos ennemis, il nous est impossible de leur en livrer une
seule tonne.
(À suivre.)
Le Tamatave
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