Nos correspondants de Madagascar, qui constatent
l’importance prise par les importations de riz indo-chinois aux Philippines, se
plaignent à juste titre que l’on ne se soit pas suffisamment préoccupé
suffisamment en haut lieu de procurer de pareils débouchés au riz de la Grande
Île.
Si l’on estime que les colons malgaches sont trop intéressés
dans la question pour être vraiment impartiaux, nous ferons appel à des
témoignages étrangers, comme celui de M. Porter, consul anglais, qui
séjourna longtemps à Madagascar et connaît admirablement notre colonie. Ce
fonctionnaire éminent a maintes fois déclaré que la culture du riz dans la
Grande Île prenait une grande extension et que ce produit trouverait un
débouché tout indiqué dans les territoires de l’Union sud-africaine, où il
était très apprécié, notamment au Natal et au Transvaal.
Madagascar possède encore une précieuse clientèle à Bourbon
où ses expéditions de riz ont doublé en quelques années et à Maurice où elles
ont triplé. Voici déjà trois marchés assurés, représentant pour la Grande Île
le même avantage que les îles Philippines pour l’Indo-Chine, la proximité, qui
permet de lutter avec avantage contre la concurrence. L’avenir s’annonçait donc
magnifique pour Madagascar sans cette affreuse guerre qui a ajourné la
réalisation de ses plus légitimes espérances. C’est d’autant plus fâcheux
qu’aujourd’hui, le riz est devenu un aliment mondial, dont la consommation,
suivant les statistiques, dépasse même celle du blé.
Madagascar, dont les régions propices à la culture de ce
produit se transformaient aisément en immenses rizières, traverse ainsi une
crise dont la pénurie des moyens de transport accroît singulièrement la
gravité. Elle exporte encore, mais combien peu, alors qu’elle pourrait fournir
bien davantage, notamment à la mère patrie.
Tous ceux qui connaissent la Grande Île savent qu’elle
deviendra rapidement un véritable grenier d’abondance le jour où la métropole
ne lui dispensera pas trop avaricieusement les concours financiers
indispensables à son développement.
(À suivre.)
Maurice Raoult.
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 57 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire