(Suite.)
L’Administration a fait
saisir les journaux donnant sur cette affaire, si peu importante en elle-même,
les récits les plus fantaisistes, de nature à effrayer le public et à dénigrer
Madagascar aux yeux de l’étranger. Mais les propriétaires des journaux,
s’estimant plus malins, ont fait réimprimer clandestinement leur canard, qui
cette fois devenait une vipère, et l’ont fait répandre tant en France qu’à
l’étranger.
Suivant ce qu’ils
affirmaient, – avec des réticences qui en laissaient deviner bien plus long, –
il s’en fallait de l’épaisseur d’un cheveu que les Français, Gouverneur en
tête, n’eussent été tous exterminés à Madagascar. De nombreuses barriques de
poison violent (tanghin) étaient prêtes pour permettre aux cuisiniers et
serviteurs indigènes d’empoisonner leurs patrons à la même heure ; grands
dépôts d’armes sur divers points, complicité des soldats indigènes, appui du
Japon qui devait accourir avec sa flotte, négligence ou ineptie de l’Administration
supérieure qui n’avait rien su prévoir, que sais-je encore ; rien n’y
manquait, sauf que tout cela n’existait que dans l’imagination dépravée desdits
journalistes.
À lire ces balivernes,
les colons de la première heure, connaissant bien la mentalité des Malgaches et
sachant ce dont ils sont capables, ont accueilli ces racontars par un immense
éclat de rire.
Mais ailleurs il en a été
tout autrement. Cette campagne, qu’on ne sait comment qualifier, a produit la
plus déplorable impression tant sur notre colonie que sur son administration
supérieure.
M. Garbit, s’il n’a
pas d’ennemis – bien que chacun ait les siens –, a du moins des compétiteurs
qui sont anxieux de prendre sa succession, et qui ne reculent devant aucun
moyen pour arriver à ce but. Les voyez-vous se précipitant au Ministère en
brandissant d’une main les journaux de Madagascar, ces malheureux journaux
qu’une administration se sentant coupable a voulu étrangler pour que la vérité
ne fût pas connue.
(À suivre.)
Le Tamatave
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