(Suite et fin.)
Mais la série continue.
Quelques cas isolés de
méningite cérébro-spinale s’étant produits, vite la Camarilla s’est empressée
de crier qu’une épidémie désastreuse sévissait en ville et dans la colonie, et
ce, par la faute, par l’incurie, par l’impéritie de la haute administration.
M. le Gouverneur Général, par l’intermédiaire de l’Administrateur-Maire de
Tamatave, a eu beau faire connaître que quelques cas isolés ne pouvaient constituer
une épidémie, que d’ailleurs, ces cas allaient en diminuant, la Camarilla,
foulant aux pieds toute convenance, lui infligeait le plus formel démenti,
affirmant que l’épidémie non seulement sévissait, mais encore allait en
progressant. Le plus piquant de l’histoire, c’est que le jour même
(24 décembre) où la Camarilla criait son indignation contre l’insouciance
et l’impéritie de l’Administration supérieure, et demandait le renvoi de la
foire pour ne pas contaminer les
campagnes, ce jour-là même s’éteignait à l’hôpital le dernier tirailleur
atteint de cette maladie. Depuis lors, aucun nouveau cas n’a été signalé. La
maladie a donc disparu, sans faire aucune victime parmi les Européens.
Quel mobile peut pousser
la Camarilla à sa comporter ainsi ? Nous l’avons déjà dit : c’est le
besoin d’émouvoir la population afin de faire croire à son importance. « Fan dé brut ! » Peu lui
importe le dommage causé. Car, de tout cela, la Colonie en souffre plus qu’on
ne pourrait le croire.
Elle avait assez de mal à
dissiper la mauvaise réputation qu’on lui avait faite à l’origine. Et,
aujourd’hui, quelles affaires sérieuses peuvent être entreprises dans un pays
où la sécurité n’existe pas, grâce à l’impéritie d’un Gouverneur intérimaire,
pays d’ailleurs mal administré et désolé par des épidémies meurtrières ?
Le Département ému avait
confié à une mission présidée par M. Fillon le soin de venir élucider les
questions pendantes. Heureusement qu’un vieil ami de la Colonie, bien au
courant de ce qui se passait, a pu faire ressortir combien était ridicule
l’objet de cette mission, et celle-ci a été retenue à Djibouti. Mais cela ne
suffit pas à détruire la mauvaise impression et les regrettables résultats que
nous venons de signaler.
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 60 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire