Il y a des gens qui ne
lisent jamais le compte rendu des séances de nos doctes académies ; ils ne
savent pas ce qu’ils y perdent, car les esprits curieux y découvrent souvent
des perles.
Ainsi Madagascar a l’heur
de posséder une académie siégeant à Tananarive, où les discussions offrent un
grand intérêt, car elles nous tiennent au courant des découvertes scientifiques
dont la Grande Île est le théâtre et… d’autres choses aussi, parfois assez
drolatiques.
J’ai appris, par exemple,
qu’un savant, parti pour aller étudier les variations barométriques sur le mont
Tsiafajavona, s’était trouvé dans la triste nécessité d’interrompre ses
intéressantes expériences parce qu’un gasy
inconnu avait eu le mauvais goût de lui voler ses instruments de
précision !
Certes, les savants,
particulièrement ceux qui se nourrissent de chiffres, d’algèbre et de
logarithmes, sont des êtres fort distraits, à telle enseigne que nos écrivains
leur font jouer des rôles plutôt comiques ; mais enfin un astronome qui se
fait dépouiller de ses instruments barométriques, thermométriques et autres
appareils en ique doit en rester inconsolable, car il commet un crime de
lèse-science !
Dans l’Aurore boréale d’Henri Rochefort, nous
voyons bien un astronome si absorbé par le phénomène étudié qu’on le trompe
derrière lui sans qu’il s’en aperçoive. Jules Verne nous a également fort
amusés avec Nicolas Palender, Paganel et Palmyrin Rosette ; mais ces types
de savants, pour distraits qu’ils soient, n’atteignent pas aux chausses de
notre géodésien, tellement dans la lune qu’il se laisse subtiliser ses précieux
instruments !
Une servante malgache,
ramenée par moi de la Grande Île il y a déjà pas mal d’années, à qui je narre
l’aventure parce qu’elle me paraît drôle, agite mélancoliquement sa perruque
toute blanche au-dessus de son visage d’ébène, et me répond : « On
n’aurait jamais vu pareil scandale au temps de Rainilaiarivony ou du général
Gallieni. »
Évidemment, ma vieille
Rakotobe, mais au temps de Rainilaiarivony et de Gallieni, les savants
n’allaient pas étudier les variations atmosphériques sur le mont Tsiafajavona,
raison péremptoire pour qu’un effronté gasy
ne fut pas tenté de leur voler leurs instruments !
Chanteclair.
Le Courrier colonial
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