Mon Dieu ! qu’il est
donc difficile de contenter tout le monde et son père.
Afin d’entretenir la vie
normale de la Grande Île et aussi de poursuivre sa mise en valeur, on avait
présenté au gouverneur général tout un programme de travaux à exécuter ;
programme superbe d’ailleurs, qui témoignait d’une ampleur de vues qui n’était
peut-être pas en rapport avec les moyens de les faire exécuter : trois ou
quatre grandes routes, une petite voie ferrée et un canal reliant l’océan
Indien au canal de Mozambique en coupant l’isthme de la baie du Courrier.
On a si souvent demandé
l’aménagement du littoral qu’après tout, il n’y avait là rien qui pût
surprendre. Pourtant, ce ne fut pas l’avis de tout le monde et les ouvriers
mobilisés de la colonie ont écrit à notre confrère les Petites Affiches de Majunga pour le prier de porter leurs doléances
à qui de droit. Leur protestation ne manque pas d’à-propos :
« C’est au moment,
écrivent-ils, où la plupart d’entre nous, ouvriers, entrepreneurs, marchands,
sommes bloqués à la caserne, ou qu’une partie d’entre nous sommes en train de
nous faire casser la figure, au moment où le kilogramme de clous vaut
2 fr. 50, la barrique de ciment 30 francs, les outils et la
ferraille cent pour cent au-dessus de la valeur normale, que l’on veut faire de
pareils travaux !… J’espère bien, dit le porte-parole de ces poilus, que
les mobilisés comme moi n’accepteront pas que l’on commette de pareils
actes. »
Et, non sans raison, il
ajoute :
« S’il y a des
travaux à faire, qu’on nous attende. Nous avons tout abandonné. S’il y a du
travail à faire, qu’on le laisse pour ceux qui sont absents et qui auront grand
besoin d’avoir leur part quand ils rentreront. »
Les desiderata du brave
mobilisé de Madagascar sont assez judicieux, d’autant plus qu’il prévoit que,
si les travaux sont entrepris maintenant, ils serviront surtout à faire gagner
la vie aux Indiens et aux Chinois…
Mais qu’il est donc
difficile, nous le répétons, de contenter tout le monde et son père !
Le Courrier colonial
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