On nous écrit :
Vous reste-t-il des
ouvriers sur votre chantier ? À moi presque pas. Alléchés par les
200 fr. de prime qu’on leur donne, nos meilleurs ouvriers ont été se faire
inscrire au bureau de recrutement. Je me suis bien laissé dire que deux d’entre
eux, avec quelques autres camarades, se sont empressés de jouer « la fille
de l’air », aussitôt les 200 fr. empochés, mais ils se sont bien
gardé de revenir sur mon chantier, où ils auraient pu être pincés.
Pendant ce temps, nous
voyons dans nos villages des groupes de jeunes gens bien bâtis,
« costauds », drapés dans leurs lambas, se promener du matin au soir,
ou plutôt du soir au matin, sans qu’on leur connaisse aucun moyen d’existence.
Vous leur demandez s’ils
ne consentiraient pas à venir travailler chez vous pour remplacer les absents.
Ils vous répondent dédaigneusement que eux ne connaissent pas travailler. Les
petits larcins de manioc, patates, canne à sucre, bananes, etc., dont les
propriétés voisines sont abondamment pourvues, leur permettent de vivre sans
rien faire. Ils sont donc une charge pour la société, ou mieux un danger pour
elle.
Les agents chargés de
racoler des volontaires ne pourraient-ils conduire au bureau de recrutement ces
gaillards-là qui, une fois encadrés militairement, seraient aptes à rendre
autant de services que les autres ? Pourquoi, à leur égard, userait-on de
ménagements qu’on ne garde pas pour les citoyens français qui, eux, sont
envoyés à la caserne qu’ils le veuillent ou non. C’est là une question de
salubrité ou de moralité qui devrait attirer l’attention de nos gouvernants. Le
service obligatoire pour tous les
vagabonds et gens sans travail.
Qu’on y réfléchisse. La
vie économique de Madagascar en dépend.
Le Tamatave
Les cuirs de Madagascar
Le mécontentement des
colons malgaches persiste à l’égard de la commission de réquisition dont les
maladresses ont été déjà plusieurs fois signalées à nos lecteurs.
La presse locale se fait
le porte-parole des colons et la Tribune
de Madagascar ne craint pas de dire que parmi les cuirs réquisitionnés et
arrivés en France, il s’en trouve dans les magasins du Havre, qui ont été
refusés par l’Administration et attendent qu’on leur fasse un sort.
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 62 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire