13 février 2019

Il y a 100 ans : Notre ville, Tamatave (1)


À l’heure actuelle, on signale dans notre ville comme une recrudescence de fièvre paludéenne, qu’il est convenu d’attribuer au changement de saison, qui peut bien ne pas y être indifférent, mais il faut l’attribuer surtout à la façon défectueuse dont est construite la ville de Tamatave, sans plan général, au jour le jour, dans la hâte fiévreuse de l’improvisation
Nous sommes la principale ville maritime de l’Est – et pour le moment l’on peut dire de tout Madagascar – et nous sommes campés sur notre langue de sable comme des gens qui n’auraient pas l’intervention d’y rester.
Nous avons une seule rue et des ruelles vites passées à l’état de simples venelles. La municipalité épuise chaque année ses ressources à relever les caillasses mal accrochées à ce sable mouvant ; il serait une meilleure affaire d’employer une fois pour toute des crédits suffisants à la constitution de solides chaussées profondément empierrées donnant ainsi un fond inébranlable, retenant mieux la macadamisation de surface.
On ne pourra tout faire en une fois : mais l’essentiel est de commencer à le faire.
Il en est de même des bâtisses.
En dehors des dangers si souvent renouvelés des cyclones, nos maisons, à quelques exceptions près, sont construites avec des bois trop minces qui n’abritent qu’approximativement contre les intempéries et nullement contre l’humidité et la chaleur du dehors. Ajoutez à cela des toitures en tôles de fer plus ou moins galvanisées que vous pouvez toucher presque de la main tant elles sont basses en général, concentrant dans l’habitation la chaleur solaire, au point d’en faire de véritables étuves, foyer d’infection où la fièvre trouve à se développer tout à son aise.
Or, la terre ferme n’est pas loin ; un service public de decauvilles nous apporterait à bon compte de bonnes pierres de fondations ; le gouvernement général, par une réduction spéciale des tarifs de transports, devrait faire arriver en abondance à la côte briques et tuiles de l’Émyrne ; nos forêts de l’Est sont remplies d’excellents bois pour des pièces de charpente de tout repos et même des bardeaux qui sont tout indiqués pour les toitures dans cette région très pluvieuse.
(À suivre.)
Le Tamatave



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