À l’heure actuelle, on signale dans notre ville comme une
recrudescence de fièvre paludéenne, qu’il est convenu d’attribuer au changement
de saison, qui peut bien ne pas y être indifférent, mais il faut l’attribuer
surtout à la façon défectueuse dont est construite la ville de Tamatave, sans
plan général, au jour le jour, dans la hâte fiévreuse de l’improvisation
Nous sommes la principale ville maritime de l’Est – et pour
le moment l’on peut dire de tout Madagascar – et nous sommes campés sur notre
langue de sable comme des gens qui n’auraient pas l’intervention d’y rester.
Nous avons une seule rue et des ruelles vites passées à
l’état de simples venelles. La municipalité épuise chaque année ses ressources
à relever les caillasses mal accrochées à ce sable mouvant ; il serait une
meilleure affaire d’employer une fois pour toute des crédits suffisants à la
constitution de solides chaussées profondément empierrées donnant ainsi un fond
inébranlable, retenant mieux la macadamisation de surface.
On ne pourra tout faire en une fois : mais l’essentiel
est de commencer à le faire.
Il en est de même des bâtisses.
En dehors des dangers si souvent renouvelés des cyclones,
nos maisons, à quelques exceptions près, sont construites avec des bois trop
minces qui n’abritent qu’approximativement contre les intempéries et nullement
contre l’humidité et la chaleur du dehors. Ajoutez à cela des toitures en tôles
de fer plus ou moins galvanisées que vous pouvez toucher presque de la main
tant elles sont basses en général, concentrant dans l’habitation la chaleur
solaire, au point d’en faire de véritables étuves, foyer d’infection où la
fièvre trouve à se développer tout à son aise.
Or, la terre ferme n’est pas loin ; un service public
de decauvilles nous apporterait à bon compte de bonnes pierres de
fondations ; le gouvernement général, par une réduction spéciale des
tarifs de transports, devrait faire arriver en abondance à la côte briques et
tuiles de l’Émyrne ; nos forêts de l’Est sont remplies d’excellents bois
pour des pièces de charpente de tout repos et même des bardeaux qui sont tout
indiqués pour les toitures dans cette région très pluvieuse.
(À suivre.)
Le Tamatave
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