14 juillet 2019

Il y a 100 ans : Les tribulations de nos colons (1)


Sous ce titre, nous avons sommairement relaté vendredi dernier un des plus beaux exemples de l’incompréhension ministérielle en matière coloniale. Nous donnons aujourd’hui copie de la correspondance à laquelle a donné lieu cet incident qui n’a, bien entendu, reçu encore aucune solution.
25 février 1919.
Le Président de l’Institut colonial de Marseille à M. le Ministre des Colonies, Paris.
Monsieur le Ministre,
Nous avons l’honneur de vous communiquer la correspondance suivante que nous adresse la Compagnie marseillaise de Madagascar de notre ville. Vous y verrez que cette société, ayant importé un lot de ricin de Madagascar, s’est heurtée au refus du consortium de l’huilerie française de s’en rendre acquéreur, la raison invoquée par le consortium étant « que l’Aéronautique militaire est seule chargée de ses achats ». Les services de l’Aéronautique à Marseille ont de leur côté, déclaré que « l’importation des graines de ricin n’étant pas permise, toute marchandise arrivant à Marseille sans autorisation d’importation doit être confisquée d’après la loi ».
Il nous paraît certain qu’il y a là une erreur. Nous vous communiquons, en effet, ci-joint copie de l’avis qui a paru au Journal officiel de Madagascar du 28 décembre 1918 d’après lesquels ces mêmes services de l’Aéronautique déclarent qu’ils ne sont plus acheteurs d’aucune quantité de ricin.
Le Gouverneur général de cette colonie a donc, à juste titre, engagé les maisons de commerce de la colonie à se procurer les moyens de faire parvenir en France les graines de ricin en leur possession. Il a annoncé que lui-même allait faire des démarches pressantes auprès de vous pour faire évacuer les ricins en souffrance dans la colonie.
L’Aéronautique militaire, contrairement à ce que pense le consortium des fabricants d’huile, n’est donc plus chargée des achats de graines de ricin.
D’un autre côté, il est incontestable que l’Administration n’a pas le droit de faire saisir des ricins importés en France en provenance des colonies françaises, les lois et décrets restrictifs de la liberté des importations en France ne s’appliquant pas aux provenances des colonies.
(À suivre.)
Le Courrier colonial



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