Sous ce titre, nous
avons sommairement relaté vendredi dernier un des plus beaux exemples de
l’incompréhension ministérielle en matière coloniale. Nous donnons aujourd’hui
copie de la correspondance à laquelle a donné lieu cet incident qui n’a, bien
entendu, reçu encore aucune solution.
25 février 1919.
Le Président de l’Institut colonial de Marseille à M. le
Ministre des Colonies, Paris.
Monsieur le Ministre,
Nous avons l’honneur de vous communiquer la correspondance
suivante que nous adresse la Compagnie marseillaise de Madagascar de notre
ville. Vous y verrez que cette société, ayant importé un lot de ricin de
Madagascar, s’est heurtée au refus du consortium de l’huilerie française de s’en
rendre acquéreur, la raison invoquée par le consortium étant « que l’Aéronautique
militaire est seule chargée de ses achats ». Les services de l’Aéronautique
à Marseille ont de leur côté, déclaré que « l’importation des graines de
ricin n’étant pas permise, toute marchandise arrivant à Marseille sans
autorisation d’importation doit être confisquée d’après la loi ».
Il nous paraît certain qu’il y a là une erreur. Nous vous
communiquons, en effet, ci-joint copie de l’avis qui a paru au Journal officiel de Madagascar du 28 décembre 1918
d’après lesquels ces mêmes services de l’Aéronautique déclarent qu’ils ne sont
plus acheteurs d’aucune quantité de ricin.
Le Gouverneur général de cette colonie a donc, à juste titre,
engagé les maisons de commerce de la colonie à se procurer les moyens de faire
parvenir en France les graines de ricin en leur possession. Il a annoncé que
lui-même allait faire des démarches pressantes auprès de vous pour faire
évacuer les ricins en souffrance dans la colonie.
L’Aéronautique militaire, contrairement à ce que pense le
consortium des fabricants d’huile, n’est donc plus chargée des achats de
graines de ricin.
D’un autre côté, il est incontestable que l’Administration n’a pas le droit de faire
saisir des ricins importés en France en provenance des colonies françaises,
les lois et décrets restrictifs de la liberté des importations en France ne s’appliquant
pas aux provenances des colonies.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire