7 octobre 2014

Il y a 100 ans : Les crocodiles malgaches (9)

(Suite.)
D’autres encore mal éduqués ou d’intelligence plus lourde jappent furieusement au bord de la rivière à l’endroit même où ils vont passer et se jettent ainsi d’eux-mêmes dans la gueule des crocodiles qu’ils ont rassemblés à cet endroit. J’ai eu longtemps un chien né en France qui, après quelques désagréables contacts avec les sauriens, et, je pense aussi, quelques conversations avec les chiens natifs, s’est parfaitement et très vite approprié à la bonne méthode. Enfin, j’ai observé un caïman si habile chasseur qu’il n’avait laissé subsister aucun chien maladroit dans son domaine, ayant modifié sa manière de faire et s’empressant, chaque fois qu’un chien aboyait en amont, d’aller se mettre à l’affût bien en aval de ce point, à l’endroit précis où il prévoyait qu’alika devait passer, après sa feinte.
De taille supérieure à celle du chien, le sanglier malgache, au dire des indigènes, résisterait parfois victorieusement au caïman. Les Sakalaves, notamment, racontent des combats terribles au cours desquels le sanglier, lorsqu’il est pris par un membre postérieur, finirait presque toujours par se délivrer en labourant à coup de boutoir le ventre de son adversaire. Je n’ai jamais eu l’occasion d’assister à un de ces combats, mais je les crois possibles, car le sanglier malgache est un luron merveilleusement armé pour bien découdre.
J’ai souvent au contraire assisté à des luttes de crocodiles entre eux, soit au moment de la pariade, soit lorsqu’ils se disputaient une proie. Les deux adversaires se précipitent alors avec rage l’un sur l’autre en poussant une sorte de grognement rauque et se donnent de grands coups de mâchoires qui semblent, d’ailleurs, ne faire que peu d’effets sur leur solide cuirasse. Néanmoins on trouve souvent des voay mutilés, avec la queue ou un membre en moins.
Plus fréquents qu’on pourrait le croire, d’autres combats ont lieu parfois entre le crocodile et l’homme qu’il a surpris sans armes et qu’il essaye d’entraîner sous l’eau. Et, chose curieuse, de tels combats ne tournent pas toujours à l’avantage du saurien. J’ai connu en effet des Malgaches qui s’étaient délivrés par une lutte corps à corps et qui n’ont dû leur salut qu’à leur courage et à leur énergie.
(À suivre.)
Perrier de la Bathie.

Bulletin de l’Académie malgache


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