17 octobre 2014

Il y a 100 ans : Un séjour à Madagascar de 1822 à 1825 (6)

(Suite.)
« Je l’arrêtai et lui dis : “Vous devez être grandement honorée d’avoir à garder le Dieu chez vous ; naturellement vous vous estimez à l’abri de toute calamité”. “Certainement, répliqua-t-elle, notre maison ne peut prendre feu, et la grêle ne peut atteindre le sommet de ce rocher ; nous-mêmes sommes préservés de toute maladie mortelle, tant que le Dieu demeure chez nous”. “Vraiment, dis-je, ce Dieu doit être quelque chose de bien étonnant. Je suis souvent peu bien ; pensez-vous que je trouverais quelque soulagement si l’idole était portée chez moi”. “Vous voulez vous moquer, car vous ne croyez pas en notre Dieu… Mon mari est furieux contre le vôtre, parce qu’il parle contre notre Dieu chaque dimanche”. “Qu’il ne se fâche pas, repris-je, mais qu’il vienne parler avec M. Jeffreys. Dites-moi qui a fait le ciel et la terre ?… Est-ce votre Dieu ?…”. “Non, mais le Dieu qui habite au-dessus des cieux… Nous prions notre Dieu seulement de nous envoyer la pluie et de nous préserver de la grêle… Notre Dieu et sa femme sont en bois, mais ils ne peuvent jamais brûler”. “Pourrions-nous, M. Jeffreys et moi, voir cette idole ?”. “Je demanderai à mon mari, mais je ne pense pas qu’il vous le permettra ; en tous cas, on ne peut venir la voir que le vendredi, qui est son andro fady (ou jour de repos), car c’est le seul jour où l’on sorte le Dieu de sa boîte”.
« À ma grande surprise, le vendredi suivant, la femme vint nous inviter à voir ses fétiches… Nous trouvâmes dans la case l’homme, sa femme, quatre enfants, six moutons, un cochon et plusieurs poules, entassés dans une misérable pièce… Espérant voir quelque chose d’extraordinaire, nous regardions de tous côtés, sans rien apercevoir. Nous demandâmes où était le Dieu. L’homme étendu sur sa natte et qui n’avait pas bougé à notre entrée, se leva alors et nous montra l’idole… »
(À suivre.)
G. Mondain.

Bulletin de l’Académie malgache


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