22 octobre 2014

Il y a 100 ans : Un séjour à Madagascar de 1822 à 1825 (10)

(Suite et fin.)
« Tout cela fut sans aucun effet, tant les préjugés des gens étaient enracinés dans leur esprit. Les membres de la députation continuèrent à attendre, espérant quelque chose de plus de la part du missionnaire ».
« M. Jeffreys leur fit alors observer que, s’ils n’étaient pas satisfaits de sa réponse, ils pouvaient s’adresser aux juges et au roi à Tananarive. “Si l’ordre lui était donné par ces hautes autorités d’observer le repos du vendredi il n’y résisterait pas, mais alors il chercherait un autre endroit où il lui serait loisible de travailler comme il lui semblait bon”. Ce dernier argument parut les toucher, ils craignaient la colère du prince, s’ils forçaient l’Européen à quitter la région ».
« Pourtant, continue le récit de Mme Jeffreys[1], ils montèrent à Tananarive, et allèrent consulter les magistrats ; accompagnés d’un de ces derniers, ils se dirigèrent vers le palais, et ayant présenté le don usité en pareille circonstance, ils développèrent leur requête. Quand ils eurent fini, le roi, souriant, leur rendit leur cadeau et leur dit : “Retournez chez vous et laissez l’Européen agir en paix, il a bien le droit d’observer le jour qu’il lui plaît”. »
« Nous fûmes très heureux de l’attitude du roi et remerciâmes le Seigneur dans la main de qui sont les cœurs des princes. Mais en dépit du peu de succès de la démarche faite, l’ascendant des prêtres sur les esprits est tel, qu’on condamna à mort les trois hommes qui avaient travaillé chez nous au jour interdit. Cela nous jeta un instant dans une grande angoisse ; pourtant, comme nous savions que les sacrifices humains n’étaient plus permis par la loi, nous espérâmes qu’ils n’oseraient pas mettre leur sentence à exécution. Nous apprîmes plus tard que ces hommes avaient imploré publiquement le pardon de l’idole, acceptant d’être livrés à la mort s’ils recommençaient à travailler le vendredi ».
Ces quelques détails, sans être bien nouveaux, apportent quelques précisions au sujet de coutumes anciennes déjà connues, et ont, en tous cas, l’attrait que présente toujours un témoignage direct. C’est à ce titre que nous avons cru devoir les signaler à l’attention de ceux qui s’intéressent à l’ethnographie malgache.
G. Mondain.
Bulletin de l’Académie malgache



[1] Page 158.


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