Il y a des gens qui
tremblent encore de tous leurs membres par suite des nouvelles abracadabrantes
qu’on leur a serinées, et surtout par celles que laissaient entendre les
sous-entendus. Je connais un personnage qui, quel que soit son appétit et si
pressé qu’il soit, n’ose toucher à un plat qu’autant que son cuisinier en a
mangé la moitié devant lui. La Presse l’a dit ! Donc parole
d’Évangile !…
La Presse ? mais
excellent homme, la Presse ne vaut que ce que valent les hommes qui la dirigent
et la font parler.
Regardez-les donc et vous
saurez ce que valent les nouvelles qu’ils donnent.
Au surplus, réfléchissons
un peu, si vous voulez, et discutons cette fameuse cons-pi-ra-tion ; vous
verrez qu’il n’y a rien là qui puisse vous étonner et encore moins vous
émouvoir.
La conquête de Madagascar
par la France a renversé de leur piédestal certaines familles dirigeantes,
ainsi que celles qui leur étaient alliées par la parenté.
Du jour au lendemain, les
membres de ces familles se sont vus ruinés, ou à peu près, privés de leurs
serviteurs esclaves, qui devenaient leurs égaux, et réduits à n’être que de
simples sujets dans un pays qu’ils avaient gouverné despotiquement, en maîtres
absolus. Très souples et très humbles devant ceux qu’ils estiment plus forts
qu’eux, l’autorité française a pu se laisser prendre aux apparences et croire
que ces gens-là avaient oublié le passé. Il suffit d’y réfléchir un instant
pour se rendre compte que cela était impossible.
Qu’ils aient dissimulé
longtemps, cela était dans leur mentalité, le courage et la franchise leur
étant inconnus. Ils ne pouvaient d’ailleurs se fier même en leurs congénères
qu’ils savaient aussi fourbes, aussi lâches qu’eux. Et alors. C’est nous, les
conquérants, les civilisés, qui leur sommes venus en aide. Sous prétexte de Liberté, Égalité, Fraternité, de libre pensée, et autres blagues, nous
les avons amenés à former des sociétés secrètes, et plus d’un de ceux qui ont
tremblé hier les avaient vus avec complaisance se lancer dans
l’anticléricalisme et partir en guerre contre le catholicisme, la haine des
citoyens les uns contre les autres leur paraissant le nec plus ultra de la civilisation et du progrès.
(À suivre.)
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 46 titres parus à ce jour.
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