(Suite et fin.)
Il y a pourtant de vieux
colons qui ont dit et redit que le Hova fourbe, rancunier, ne pardonnerait
jamais au conquérant d’avoir pris son pays.
Rappelons à ce propos ce
qu’écrivait bien avant la conquête le Père Abinal dans Vingt ans à Madagascar : « Tout
le monde connaît l’engouement des Chinois pour eux-mêmes et pour leur céleste
empire ; les Hovas, sous ce rapport, ne le prêtent guère aux fils du
ciel ; la terre des ancêtres leur est sacrée et ils se croient une nation
privilégiée. Leur monarchie est à leurs yeux la première du monde. »
Voilà cinq ans, à ce
qu’il paraîtrait, que cette société secrète fonctionne ; elle avait ses
adeptes, ses journaux, ses mots de passe et mieux encore une clé spéciale qui
permettait de lire entre les lignes dans leurs feuilles de propagande.
Une chose qui n’est pas
juste et que l’on ne comprend pas, c’est qu’on ait mis des gouverneurs et des
chefs hovas dans des provinces d’autres races dont on connaît les sentiments et
ont combattu à nos côtés les Hovas de tout temps.
Il est un fait avéré que
les gouverneurs hovas n’oublient pas la collaboration de ces autres peuplades
lors de la conquête et leur font arbitrairement ressentir la haine profonde
qu’ils éprouvent à leur égard.
Il faut certainement des
fonctionnaires indigènes, mais qu’on les choisisse parmi ceux qu’ils sont
appelés à commander.
C’était du reste la sage
politique de notre ancien Gouverneur Général le général Gallieni, aujourd’hui
Ministre de la Guerre. Les Hovas étaient chez eux et ils n’avaient pas cet air
hautain d’aujourd’hui.
On s’est souvent demandé
à Madagascar, en voyant les Hovas à toutes les sauces et partout, si la France
n’avait pas fait la conquête de l’Île uniquement pour eux !
Il serait temps qu’on
revienne de ces errements et qu’on mette chacun à sa place.
En présence des faits
graves qui viennent de se dérouler, nous aimons à croire que le gouvernement
montrera de la fermeté ; il en faut ou jamais. Les coupables doivent être
châtiés comme ils le méritent et sans aucune
considération.
C’est un devoir de
rassurer le public et particulièrement les Indigènes restés fidèles à la France
et l’on n’arrivera à ce but qu’en faisant un exemple.
Soyons bons et justes,
mais sans faiblesse !
Charlert.
La Dépêche malgache
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