18 février 2016

Il y a 100 ans : La répression (1)

Les membres des Corps constitués de notre province ont été réunis mercredi dernier à la Mairie sur l’invitation du Gouverneur Général.
M. l’Administrateur Besson, en remplacement de l’Administrateur-Maire malade et empêché, tint la présidence ; il lut les télégrammes du Chef de la Colonie relatifs à l’association secrète fondée par quelques indigènes du centre, intellects égarés qui sont actuellement pour la plupart sous les verrous. La justice continue à informer et dans une quinzaine de jours on aura probablement pu démêler tous les fils de la trame.
M. Baillet, membre de la Commission Municipale, proposa de voter la confiance à la politique du gouvernement en demandant une solution rapide et énergique pour punir les conspirateurs ; il ajouta qu’il faudrait également descendre un peu les Hovas de leur piédestal parce que vraiment ils ne se sont pas montrés dignes de la grande confiance qu’on leur avait accordée.
Cette réflexion attira quelques observations, les Hovas ayant toujours leurs partisans.
Comme châtiment, M. Besson fait remarquer que, en cas de conspiration, l’article 1er du code des 305 articles punit de la peine de mort les conspirateurs et leurs complices.
Cette affaire malheureuse est le fruit de la politique de nos trois derniers gouverneurs, MM. Augagneur, Picquié et Garbit qui, trop enthousiastes des Hovas et trop confiants dans leur loyalisme, n’ont jamais voulu admettre l’éventualité d’une révolte ou d’une conspiration. C’est pourtant ce qui arrive, hélas ! et des centaines de nos compatriotes ne doivent qu’au hasard la chance d’avoir échappé à une mort certaine !
Jusqu’ici, toutes les autres peuplades de l’île ont été écartées à l’avantage des Hovas qui sont employés partout, dans tous les services, dans toutes les administrations. Ils sont persona grata auprès de tous les chefs.
Que de Français auraient dû être employés en leur lieu et place dans des postes de confiance, comme les gares où la vie de centaines de voyageurs est entre leurs mains, dans les postes, etc.
En cas de révolution, si les Hovas tiennent tout : gares, postes, télégraphes, automobiles, administrations publiques, voire même la police et la sûreté, que ne peuvent-ils faire en un clin d’œil ? Ils sont les maîtres !
(À suivre.)
Charlert.

La Dépêche malgache

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