(Suite.)
« Bref, cette grande
île baignée par la mer des Indes aurait une roupie française, de même valeur
que la roupie indienne et acceptée dans tous les pays qui appartiennent à ce
vaste océan.
« Nous
bénéficierions des bienfaits du change.
« Qu’on ne se hâte
pas de pousser les hauts cris.
« Je m’expliquerai
en invoquant l’exemple des deux plus proches colonies.
« Notre colonie de
la Réunion, soumise au régime de l’étalon d’or, malgré qu’elle frappe une
monnaie représentative, est dans un état de gêne croissant. Sa voisine, l’île
Maurice, a la roupie indienne, qui vaut nominalement 2 fr. 50, mais
n’en vaut en réalité que 1,25, fait ses affaires.
« Le principal
article d’exportation des deux voisines est le sucre. Maurice en produit
annuellement 150 000 tonnes et la Réunion à peine
40 000 tonnes ; beaucoup de terres de cette dernière île, plus
fertile et plus aménagée que l’autre, retournent en friche.
« En temps normal,
le sucre vaut 24 fr. environ les 100 kilos qui reviennent à
21 francs. Le planteur réunionnais ne gagne que 3 francs par
100 kilos, soit environ 150 francs par hectare planté en
cannes : c’est peu, car le moindre aléa enlève ce bénéfice.
« Le sucre revient à
10 fr. 50, mettons à 12 fr. 50 au planteur mauricien, parce
qu’il paye ses travailleurs avec la roupie et ses divisions.
« Ces derniers ne
sont aucunement lésés, parce qu’avec la monnaie de la roupie, ils achètent dans
le pays tout ce dont ils peuvent avoir besoin et sur le pied de
2 fr. 50, valeur nominale.
« Voilà une
explication de la formidable prospérité de l’Inde qui produit à l’aide de sa
roupie et vend, à la valeur de l’étalon d’or, dans le monde entier, d’immenses
quantités de ses productions variées.
« C’est le bénéfice
du change intérieur.
« On voit donc que
Madagascar aurait avantage à entrer dans la combinaison monétaire de l’Inde, à
avoir aussi une roupie française.
« Autre exemple. Il
ne vient à l’esprit de personne de contester à nos détestables ennemis, les
Allemands, l’esprit pratique des affaires. Dans leur colonie de l’Est africain,
ils avaient ainsi institué une roupie à l’effigie du kaiser, qui était
acceptée, au même titre que la roupie indienne, partout, à Zanzibar comme à
Bombay.
(À suivre.)
Les Annales coloniales
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