(Suite.)
« On se demande où
se cachent actuellement nos piastres ? C’est bien simple. En dehors d’une
spéculation connue et de l’enfouissement par les Malgaches d’un stock
important, ce sont les Asiatiques qui drainent nos écus ; on s’en aperçoit
davantage actuellement parce que les envois de la Métropole se sont raréfiés
depuis la guerre. »
Et, dans un autre numéro,
la Tribune publie la thèse contraire,
à savoir que la roupie, loin de servir à Madagascar, nuirait plutôt :
« En résumé, il
s’agirait de remplacer à Madagascar une circulation normale par une circulation
dépréciée avec toutes ses conséquences.
« Un pays à
circulation dépréciée se trouve, en effet, dans une situation fâcheuse lorsque
la balance de ses comptes est déficitaire. Lorsqu’il exporte sa monnaie pour
effectuer les paiements pour lesquels des remises n’ont pu être faites, son
numéraire n’est pris que pour sa valeur en lingot. Supposons donc que
Madagascar soit un jour dans l’obligation d’exporter ses piastres, c’est-à-dire
de la monnaie d’argent, celle-ci ne sera acceptée que comme lingot de métal
blanc au cours du jour.
« D’ailleurs quels
avantages pourraient résulter pour la Grande Île de l’adoption d’une monnaie
courante dans l’Océan Indien, puisque notre Colonie ne fait guère de commerce
qu’avec la Métropole. Madagascar exporte la majeure partie de ses produits sur
l’Europe et principalement sur la France, et, à part le riz qui pourrait
trouver un marché avantageux à Maurice et à la Réunion, il n’y a guère de
probabilité que les exportations se dirigent sur l’Inde qui, elle-même, exporte
tout ce qui se produit dans notre colonie.
« Mais si l’on
revient sur le terrain du régime monétaire, il est intéressant de remarquer que
la création d’une monnaie spéciale n’est généralement que le résultat d’une
situation commerciale et monétaire défectueuse. C’est ainsi que pour la Réunion
où la balance des comptes était constamment déficitaire et où les exportations
de monnaie avaient amené une crise de la circulation, il fut nécessaire – mais
cela seulement à titre de remède – de créer le jeton de nickel qui n’est pas
exportable et qui reste par la force des choses dans la Colonie.
(À suivre.)
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