Peu de jours avant son
départ de la rue Saint-Dominique, le général Galliéni me disait
mélancoliquement : « Quand pourrai-je revenir à mes chères études
coloniales, auxquels je comptais bien consacrer les dernières années de mon
existence ? »
Hélas ! les travaux
coloniaux de notre éminent collaborateur sont terminés pour toujours. Il est
descendu au tombeau avant d’avoir vu le territoire français libéré de ses
ennemis.
La lourde tâche qu’avait
assumée ce vaillant soldat, en acceptant d’abord la succession du général
Michel au gouvernement militaire de Paris, puis celle de M. Millerand au
ministère de la Guerre, a été au-dessus de ses forces ! Il ne faut pas
oublier qu’il avait derrière lui un long passé de gloire coloniale et que sa
santé était minée par les fatigues de multiples campagnes effectuées sous des
climats meurtriers. Les luttes parlementaires ont achevé l’œuvre des guerres
d’outre-mer. Le général Galliéni est mort au poste d’honneur, il a succombé sur
un champ de bataille qu’il n’avait pas choisi et le monde colonial tout entier
pleure le grand chef, aimé de tous ceux qui ont servi sous ses ordres ou qui
l’ont simplement approché.
Aucun n’a provoqué autant
d’affections, éveillé autant de dévouements, que l’ancien gouverneur général de
Madagascar.
L’intense énergie qui le
caractérisait ne s’exerçait qu’à l’endroit des ennemis de la France. Pour
obtenir de ses officiers tout l’effort nécessaire à la réalisation de ses
plans, pour lancer ses soldats à l’attaque de troupes ennemies dix fois plus
nombreuses, à l’assaut d’inexpugnables positions, point n’était besoin au
général Galliéni d’avoir recours à son autorité. Tous se disputaient l’honneur
d’exécuter les opérations qu’il prescrivait, d’exposer leur vie pour donner à
la patrie les territoires dont elle avait confié la conquête à leur chef.
Depuis huit jours que la
France est en deuil du général Galliéni, tout a été dit sur la part qu’il a
prise à notre épopée coloniale de 1880 à 1900, courant du Sénégal au Niger, du
Niger au Soudan, passant ensuite au Tonkin pour devenir finalement le
gouverneur général de Madagascar, avant d’être le libérateur de Paris, titre
qui lui restera dans l’histoire.
(À suivre.)
Francis Mury.
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire