(Suite.)
Mais ce sont là les
résultats, la façade de l’œuvre de ce grand colonial. Ce que l’on n’a pas assez
dit, c’est que le général Galliéni est le plus magnifique exemple de ces
officiers administrateurs qui ont su faire revivre le génie colonisateur de
notre race.
Après avoir conquis, il
pacifiait. C’était l’organisateur par excellence. Aussi, le général Lyautey,
qui fut à son école comme les généraux Joffre, Roques, etc., a-t-il excellemment
caractérisé la manière de son ancien chef en l’intitulant : « Une
organisation qui marche ». À peine une région était-elle tranquille
qu’elle se voyait dotée d’un régime adapté aux mœurs, aux habitudes de sa
population, à sa situation économique. Le soldat-laboureur du maréchal Bugeaud
était devenu, avec le général Galliéni, le soldat-colonisateur. Il ne labourait
pas, il surveillait l’exécution des travaux agricoles, tandis qu’au-dessus de
lui, officiers, sous-officiers administraient le pays, instruisaient les
indigènes, leur rendaient la justice, forçaient leur confiance et leur estime,
les contraignaient à reconnaître qu’ils n’avaient jamais joui d’une aussi
heureuse tranquillité que sous notre domination.
Si le Tonkin est devenu
une de nos colonies les plus prospères, c’est grâce à la mise ne pratique des
heureuses méthodes de Galliéni. Comme au Niger, comme au Soudan, il a obtenu
des résultats aussi merveilleux que rapides en jouant de la politique de races,
en faisant disparaître le régime d’oppression qui pesait, avant notre arrivée,
sur certaines classes indigènes et dont une administration aussi infatuée de sa
supériorité qu’ignorante de la mentalité des populations avait cru le maintien
indispensable à notre autorité.
Tout désignait donc
Galliéni pour reprendre à Madagascar l’œuvre compromise par l’inexpérience des
résidents généraux auxquels nous avions confié les destinées de cette île.
Quand le ministre des
Colonies lui remit ses instructions, c’est-à-dire celles qui avaient été
rédigées par ses bureaux, le général lui dit en souriant : « Monsieur
le Ministre, vous me permettrez de ne jamais les ouvrir. » À quoi le
Ministre, en homme intelligent, – cela arrive parfois – répondit :
« Je crois que vous ferez bien ! »
(À suivre.)
Francis Mury.
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire