(Suite.)
Eux aussi, les Anglais nous donnent une leçon à cet égard.
Que font, en effet, nos alliés pour mener à bien l’organisation d’une
colonie ? Ils y posent le rail, y édifient un temple et y créent une
banque.
Mais entendons-nous : pour qu’une banque ait toute son
utilité et puisse favoriser l’expansion économique d’un pays, il faut que le
pays puisse à son tour l’alimenter largement. Or, Madagascar n’est pas encore
suffisamment riche en colons. Une des provinces les plus favorisées sous ce
rapport, celle de Vatomandry, ne compte pas plus de deux colons pour mille
indigènes. La proportion est tout à fait insuffisante. Malgré cela, Vatomandry
est la plus belle « colonie » de la Grande Île : on y trouve de
vastes concessions, riches, bien plantées ; quelques-unes sont en plein
rapport. Que serait-ce si le colon y était moins rare !
Vous allez dire : « Et les indigènes ? »
Mais les coloniaux avertis savent bien que, quelles que soient les qualités de
l’indigène, celui-ci ne saurait être qu’un collaborateur qui a besoin d’un
initiateur, lequel ne peut être que le colon, et non le fonctionnaire, quoi
qu’en pense ce dernier.
Jamais l’administration n’a pu assurer avec le seul concours
de nos sujets la mise en valeur d’une colonie ; seul le colon peut remplir
ce rôle, en dirigeant le travail indigène, en éduquant nos sujets parmi
lesquels il a décidé de vivre.
Et en même temps qu’il leur inculque le goût du travail, si
toutefois l’administration le lui permet, il les guide fatalement sur la route
de la civilisation.
Et si Madagascar avait assez de colons, la civilisation
aurait fait des progrès beaucoup plus sensibles et l’on n’aurait pas vu les
illuminés de la V. V. S., par exemple, prendre tant d’importance et
organiser des complots.
Malheureusement, notre humanitarisme mal compris a laissé
l’indigène malgache évoluer tout seul, confondre liberté avec licence,
méconnaître la supériorité morale du blanc et refuser peu à peu tout effort.
D’ailleurs, si les colons français avaient été plus nombreux
à Madagascar, les Allemands n’auraient pu prendre une place aussi importante
dans une colonie qui était nôtre.
(À suivre.)
F. Mury
Le Courrier colonial
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