À mainte reprise, nous avons attiré l’attention de nos
lecteurs sur la question de la houille blanche dans la Grande Île.
Depuis que de nouvelles inventions ont permis d’utiliser les
chutes d’eau pour faire de l’électricité, et que le transport de cette force
motrice à distance est chose aisée, l’attention publique s’est de plus en plus
passionnée pour la houille blanche. Cette dernière est presque la seule force
pratiquement utilisable dans un pays comme Madagascar, où il est impossible
d’amener le charbon loin des ports.
Tout le développement industriel de Madagascar est lié à
l’utilisation des chutes d’eau et les questions si essentielles, pour un pays
neuf, d’éclairage et de transport ne seront résolues de la meilleure façon que
par leur emploi.
Mais il ne faudrait pas croire que l’industrie fût seule
appelée à profiter de la houille blanche.
En matière économique tout s’enchaîne : l’agriculture
en bénéficiera à son tour dans une large mesure, principalement grâce aux
chemins de fer qui lui permettront d’augmenter sa production et écoulant ses
produits soit bruts, soit déjà transformés.
Un exemple montrera mieux le caractère d’intérêt général de
l’utilisation des chutes d’eau.
Mais l’exportation par chemin de fer est beaucoup plus
profitable lorsque les produits bruts ont subi une simple transformation :
par exemple, le blé transformé en farine ; les cocons, en soie
grège ; les viandes, en conserves frigorifiées.
Les industries qui produisent ces transformations sont fort
simples, mais nécessitent une force motrice fournie par la houille blanche.
Il faut pour cela une réglementation des eaux.
On sait qu’en France, la législation est si imparfaite sur
ce point qu’elle entrave l’essor de certaines régions. Le gouvernement de
Madagascar doit donc bien se garder de suivre la métropole dans cette voie, ce
qui lui est relativement facile.
Les rivières françaises ne font partie du domaine public
qu’à partir du point où elles sont navigables. En dehors de cette partie, comme
pour tous les ruisseaux non flottables, les rives appartiennent aux
particuliers, dont les prétentions exorbitantes, jointes au manque constant
d’entente entre riverains voisins, empêchent toute industrie de s’établir sur
les rives, ou bien de transmettre la force motrice au loin.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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