Prendre possession d’un
nouveau poste est toujours chose délicate même pour un gouverneur expérimenté.
Tel doit être l’avis de M. Merlin récemment installé à Madagascar où il
succède à un excellent fonctionnaire, M. Garbit, qui a pu faire de la
bonne besogne dans une colonie qu’il connaissait de longue date.
Quand on remplace un
gouverneur général, genre Augagneur, on n’a pas grand’peine à gagner la
sympathie des colons. Quand on vient après un fonctionnaire comme
M. Garbit, qui ne laisse que des regrets, il est beaucoup plus méritoire
de devenir un chef populaire.
Nous sommes persuadé que
M. Merlin, sans faire oublier son prédécesseur, a déjà su gagner toutes
les sympathies de nos compatriotes de la Grande Île. Son premier soin va être
évidemment de mettre au point les nombreux projets dont M. Garbit
poursuivait l’exécution et que son brusque départ l’a empêché de réaliser.
À l’heure actuelle, la
situation économique de Madagascar ne saurait trop retenir l’attention du haut
fonctionnaire chargé de la diriger ; la guerre a eu, dans cette colonie,
une répercussion assez profonde pour risquer, si l’on n’y prenait garde,
d’annihiler le puissant effort fait depuis la venue de ce merveilleux administrateur
qu’était le général Gallieni.
Les hostilités empêchent
notamment de doter la Grande Île du système routier dont le besoin se fait de
plus en plus impérieusement sentir.
À ce point de vue,
Madagascar offre sensiblement le même spectacle que la Chine actuelle ou
l’Europe du moyen âge ! Des provinces regorgent de produits pendant que
d’autres sont exposées à souffrir de la disette, pour ne pas dire de la famine,
tellement le défaut de routes rend malaisée la circulation des denrées à
l’intérieur de la colonie.
En dehors de quelques
régions évidemment privilégiées, Madagascar manque de riz. La chose peut
paraître invraisemblable attendu que notre grande colonie de l’océan Indien en
produisait de plus en plus. Mais la mobilisation, la paresse des indigènes, le
manque de moyens de communication ont réussi à provoquer dans diverses
provinces la pénurie d’une denrée qu’elle exportait en assez fortes quantités
depuis quelques années.
(À suivre.)
G. Bertrand.
Le Courrier colonial
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