Un auteur de la Bibliothèque malgache vient de disparaître et la maison est bouleversée. Alain Jeanpierre est mort en France le 16 février, à 77 ans. Il était né près de Paris le 26 septembre 1940 et était installé à Madagascar depuis 1989. Dans sa retraite active à Toliara, la grande ville du sud-ouest, il terminait une maison qui reflétait son bon goût d’architecte sans diplôme et continuait à élargir son immense culture doublée d’une prodigieuse mémoire.
Son livre unique, Pochades, est composé de deux longues nouvelles dont la première, « Cyclone sec », se déroule – sans le dire explicitement – à Madagascar. Charles y arrive pour la première fois, en visite chez son ami Antoine. Il découvre les plaisirs du coup de foudre et les désagréments de ses conséquences.
La seconde, « Suzanne et ses vieillards », raconte sur un ton enjoué le vilain tour que montent des copains de bar afin de protéger la petite-fille de l’un d’eux, trop jeune pour être dévorée par un agent immobilier entreprenant.
Dans Roman vrac (Bibliothèque malgache pour l’édition numérique, No Comment pour l’édition papier), où Jean-Claude Mouyon (mort en 2011) faisait entrer ses plus proches amis dans sa belle galerie de personnages, Alain Jeanpierre y était l’Archi. Décrit avec la liberté que donne la fiction :
L’Archi, depuis quelques temps il a la barbe grisonnante, le menton inquiet et l’œil rigolard. La trilogie de l’existence. Il vient de nous faire le coup du papa cinquantaine. Alors il construit à tout va pour la descendance. Il échafaude volumes et plans avec baignoires à tous les étages, panneaux solaires et éoliennes, balcons aux quatre coins cardinaux, nurserie aérienne, salons et bibliothèques, bar central, cuisines extérieures et chambres amovibles. Il en est à son dixième cahier. En ce moment il attaque le ponton et le bateau qui va avec. L’Archi, si on le laisse faire il va nous chambouler la brousse. Nous mettre le lagon dans une bulle. Il faudrait le calmer, lui trouver une autre occupation tant qu’il n’a pas l’argent pour acheter son terrain. Putain de soleil.
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