Nos confrères de la
Grande Île protestent énergiquement contre des coutumes déplorables,
désastreuses dans leurs conséquences, et cependant respectées encore dans
certaines parties de la province du Betsiléo : il s’agit du Fiandravasana qui se traduit surtout par
des orgies dont l’alcool fait les principaux frais.
Lorsqu’un indigène meurt,
on s’abstient d’abord de déclarer le décès dans les délais prévus par la loi,
jusqu’à la venue de ses proches dont le domicile est parfois très
éloigné ; en attendant leur arrivée, on organise la « veillée des
morts » qui n’est pas ordinaire car on y convie tous les voisins et même
les… autres, notamment des filles et des garçons de huit à quinze ans… puis on
commence la veillée, c’est-à-dire que
tous les soi-disant veilleurs se livrent à une débauche d’alcool que l’orgie
suit bientôt.
Les historiens ont voué à
l’exécration les noms de Louis XV et de Napoléon III pour le parc aux
cerfs de Marly et le parc aux biches de Compiègne. Nos indigènes n’ont pas eu
besoin de lire l’Histoire pour s’inspirer de ces illustres exemples ;
quand l’orgie est à son comble, on voile la tête des filles qui gagnent la
campagne et la chasse commence ; les garçons se lancent sur leurs traces
et se saisissent de celle qui leur tombe sous la main. Cette « fête »
dure trois jours.
Dans un village du
Betsiléo, il y eut dernièrement cinq décès dans le mois, ce qui occasionna
quinze jours d’orgie.
Notre confrère la Tribune de Madagascar fait observer
avec raison que laisser vivre de semblables coutumes, c’est vouloir la
destruction d’une race qui fut jadis vigoureuse.
Pour mettre un terme à
ces déplorables mœurs, il ne suffira pas d’exiger la déclaration prompte du
décès, mais il faudra interdire la coutume ; ce sera l’affaire des
fonctionnaires indigènes, des médecins de colonisation qui sont, par leur
origine même, plus à même de comprendre la mentalité du Betsiléo et de
constater les regrettables effets de ces réunions.
Respecter les coutumes
nationales d’un peuple est bien et parfois d’une bonne politique, mais il en
est tout de même quelques-unes – et le Fiandravasana
est de celles-là – dont les Malgaches eux-mêmes accepteront la suppression
quand ils pourront apprécier les avantages qui en résulteront.
Le Courrier colonial
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