(Suite et fin.)
Récemment, la Tribune de Madagascar constatait avec
mélancolie qu’un administrateur visitant sa province mobilisait au minimum huit
hommes pour porter son filanzane et ses bagages, huit hommes attachés en
quelque sorte à sa personne, c’est-à-dire perdus comme main-d’œuvre.
Indépendamment des
routes, les colons ont exprimé de nombreux desiderata à leur nouveau gouverneur
général ; c’est ainsi qu’ils réclament la suppression de la réquisition
des cuirs dont le moindre inconvénient a été d’annihiler une industrie active
et prospère.
Leurs plaintes sont
parfaitement justifiées comme le Courrier
colonial l’a maintes fois répété ; elles n’en restent pas moins
impuissantes puisqu’au 15 mars dernier, la réquisition des cuirs dans la
colonie n’avait donné qu’un nombre infime de peaux tannées. Le reste a donc
passé à tout autre chose qu’aux besoins de la guerre et les colons disent avec
raison qu’alors il n’était point nécessaire de payer ces peaux si cher. Il est
évidemment fâcheux que la France – c’est-à-dire les contribuables – ait dépensé
son argent pour réunir des produits sans utilité.
M. Merlin s’inquiète
assurément de cet état de choses, mais la mission chargée de l’achat des cuirs
échappe à son autorité et il ne peut qu’adresser ses observations au
département des colonies.
Voilà quelques-uns des
problèmes qui se posent dans la Grande Île et dont nos colons vont réclamer la
solution à M. Merlin. Les lettres que publie la presse locale depuis
l’arrivée du nouveau gouverneur général en témoignent. Certaines même
préconisent des remèdes tels que l’interdiction de vendre les récoltes sur
pied, le recensement des denrées existant dans la colonie, l’achat du paddy par
l’administration afin de faire disparaître le fâcheux intermédiaire, la
répartition du riz entre les provinces suivant leurs besoins, le maintien des
colons indispensables aux cultures, etc.
Ces idées ainsi émises
méritent d’être mûrement examinées. Elles le seront certainement par
M. Merlin qui s’est montré en A. O. F. assez habile
administrateur pour que Madagascar ne ressente aucune inquiétude au sujet de
l’avenir.
G. Bertrand.
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 71 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire