De Colonie et
Marine :
Malgré les interventions multiples de MM. les députés
Boussenot et Gasparin, il ne semble pas que l’approvisionnement de la France en
viandes de Madagascar et de l’Ouest africain ait reçu un développement sérieux,
tout au moins en ce qui concerne la Grande Île africaine. Et cependant, nous
possédons dans ces colonies des richesses immenses en gros bétail bien
supérieures aux statistiques officielles constatées. La revue Le Froid le constate à nouveau avec des
précisions intéressantes.
Au nombre de nos colonies, il en est deux dont la richesse
exceptionnelle en gros bétail aurait dû depuis longtemps attirer et fixer
l’attention de nos administrations d’État et de nos administrations
coloniales : Madagascar et l’Ouest africain. Si leur exploitation méthodique
et raisonnée avait été entreprise il y a seulement quelques années, elle eût
permis depuis la guerre d’éviter la grande exportation de l’or français vers
l’Amérique du Sud pour l’achat de viandes congelées et de conserves.
Le recensement officiel de l’effectif bovin payant l’impôt,
en 1914, accuse, pour Madagascar, un chiffre global de
6 800 000 têtes.
Les estimations des hommes les plus qualifiés pour connaître
l’exacte vérité affirment que ce chiffre n’est pas inférieur à 8 millions
de têtes.
Pour l’Ouest africain, les statistiques, qui étaient très
comparables à celles de Madagascar en 1910, doivent aujourd’hui encore donner
des chiffres très voisins puisqu’il n’y a pas eu de grandes épidémies depuis
1908.
Or, si l’on veut bien tenir compte de ce fait que la
population de Madagascar (3 millions d’habitants) n’a que des besoins
restreints en viande abattue (300 000 têtes environ), si l’on bien
tenir compte, d’autre part, qu’un troupeau méthodiquement exploité doit pouvoir
se renouveler sans difficultés, même dans les conditions les plus primitives,
en cinq ou six ans, il en résulte que Madagascar devrait pouvoir fournir au
moins un million de têtes de gros bétail chaque année. Mais l’élevage indigène
n’a pas été l’objet d’une attention administrative aussi grande que le méritait
pareille richesse, les initiatives commerciales ou industrielles n’ont été ni
sollicitées, ni encouragées, ni favorisées et, dès lors, cet élevage est resté
en état de stagnation.
Le Tamatave
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