Le Courrier colonial
proposait dans son N° du 27 avril dernier d’étendre la représentation
coloniale aux colonies qui n’ont pas de députés. On avait suffisamment rabâché
cette question avant la guerre mais cette fois-ci elle se présente sous un
nouvel aspect ; de nouveaux arguments sont invoqués en sa faveur. Sans
faire aucune allusion aux personnalités de ceux qui ont signé les articles ni
des directeurs de journaux, on devine tout de suite le mobile qui pousse
certains à plaider chaudement la cause de la représentation coloniale : ils voudraient se caser ou se faire caser
par leurs amis, et comme les postes des colonies à députés sont tous occupés,
ils tiendraient à ce qu’il s’en créât de nouveaux. Aussi les voyons-nous
prendre en pitié les colonies dépourvues de représentants. Par le seul fait, disent-ils,
de s’être établi dans telle ou telle colonie, un Français perd ses droits de
citoyen ; il ne peut plus faire de revendication auprès du gouvernement ;
les habitants de tels territoires sont donc traités en parias. Puis ils mettent
en avant le régime d’exception dont sont victimes ces colonies au point de vue
financier. Si elles avaient des députés, elles ne verraient pas certains de
leurs produits frappés de droits prohibitifs, elles ne se trouveraient pas de
temps en temps soumises à des régimes incohérents tels que le fameux décret
foncier qui a tant fait couler d’encre et plus récemment le dernier arrêté
minier, autre chef-d’œuvre d’incohérence. Les denrées s’écouleraient mieux
puisque qu’il y aurait en France quelqu’un pour les protéger : ce serait
la richesse, la prospérité.
On a assez souvent objecté que l’exemple de nos malheureux
voisins de la Réunion n’était guère de nature à nous enthousiasmer en faveur d’un
pareil régime.
Il n’est pas besoin d’être bien clairvoyant pour s’apercevoir
combien le système électoral serait funeste dans un pays neuf comme Madagascar.
Nous n’aurions peut-être pas des bagarres ni des coups de revolver dans le
genre de ceux de la Réunion, mais nous estimons qu’il y a assez de sujets de
brouille entre les colons, entre commerçants comme entre fonctionnaires pour
venir y ajouter celui-là, qui ne provoquerait pas seulement la brouille mais le
chaos et la ruine.
(À suivre.)
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire